Aux Etats-Unis, Capitalisme 1, Biden 0

Présenté par la presse française comme un nouveau Roosevelt, Joe Biden semblait incarner une rupture avec le modèle néolibéral. Ses déclarations en faveur de la hausse des salaires, du renforcement des syndicats et de la nécessité pour les classes supérieures et grandes entreprises de « payer leur juste part » des impôts pour financer le renforcement du filet social et la lutte contre le réchauffement climatique allaient dans ce sens. Pourtant, ce volontarisme initial accouche d’une souris législative, les négociations au Congrès étant marquées par une interminable liste de renoncements.  Biden et le Parti démocrate semblent promis à une humiliation historique aux élections de mi-mandat. La preuve que le capitalisme n’est plus capable du moindre compromis ? 

« Avec moi, rien de fondamental ne changera ». Cette phrase, prononcée en juin 2019 par Joe Biden à l’intention des riches donateurs finançant sa candidature, annonçait la couleur. Contrairement à d’autres protagonistes plus progressistes, Biden a fait campagne sur une promesse simple : battre Trump afin de « restaurer l’âme de l’Amérique ». Mais depuis les primaires démocrates, les événements l’ont forcé à revoir ses ambitions à la hausse.

La tentative de subversion des élections de Donald Trump, dont l’attaque du Capitole fut l’apothéose, a profondément marqué les dirigeants démocrates. Pour ainsi dire, le fascisme semble aux portes de la démocratie américaine, figurativement comme littéralement. Loin d’avoir répudié le trumpisme, l’élection de 2020 a été accompagnée d’une progression significative du Parti républicain auprès des électeurs non-diplômés, de la ruralité et des classes laborieuses. Pour les démocrates, reprendre pied avec cet électorat constitue une question de survie. Mais plus généralement, le Covid, les multiples désastres climatiques, la montée en puissance de la Chine et le penchant autoritaire du Parti républicain sont autant de raisons fréquemment citées par les élites économiques et intellectuelles américaines pour justifier un changement de cap. Biden, qui a cultivé une image « working class » et conserve une fibre « populaire » semblait le candidat idéal pour effectuer ce revirement sans froisser les milieux d’affaires et la bourgeoisie démocrate. 

D’où ses annonces ambitieuses prononcées au printemps. Citons un renforcement du pouvoir des syndicats, le doublement du salaire minimum fédéral sur cinq ans, 2300 milliards de dollars d’investissements publics pour…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag