Dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, des activistes s’appuient sur des zones d’autodéfense pour faire entendre leurs voix, permettre aux plus pauvres d’accéder à un logement, lutter contre le racisme et proposer une société sans police.
À Seattle, le poste de police du département de East Precinct n’est plus que l’ombre de lui-même. Le drapeau national est en berne, un grillage soutenu par des grands blocs de ciment protège le bâtiment aux allures de forteresse. Les tentes et stands ont disparu le long de E Pine street, qui traverse le centre de Seattle d’est en ouest. Le parc du quartier a rouvert ses portes en décembre, il a fait peau neuve en remplaçant un éphémère potager amérindien par… une nouvelle pelouse synthétique.
Pourtant à l’été 2020, cette zone était le point de départ de l’une des plus grandes occupations jamais vu aux États-Unis depuis Occupy Wall Street en 2008. Le 8 juin 2020, dans la foulée des contestations qui ont suivi la mort de George Floyd, un Afro-américain tué par la police, une centaine d’activistes y érigent un quartier appelé la zone autonome de Capitol Hill (CHAZ). S’étendant sur six rues, à l’est de Seattle dans un quartier où les activités culturelles et alternatives sont nombreuses, cette ZAD interdite à la police échappe pendant quelques mois à l’administration Trump.
Nourritures, eau, kits médicaux et produits de première nécessité y sont distribués par des collectifs. Les activistes y installent un cinéma en plein air et organisent des débats autour de la condition des noirs et des violences policières. Des donateurs, souvent anonymes, commandent même des pizzas auprès des restaurateurs locaux pour ravitailler les occupants. Un potager planté par des Amérindiens sort de la terre du parc Cal Anderson, avec des haricots, du maïs et des courges. « Il n’y avait pas de sélection, les gens étaient acceptés tels qu’ils étaient », se souvient Jeff, un activiste.
Si quelques commerçants et riverains se sont plaints en adressant une lettre à Jenny Durkan, la maire (Démocrate) de la ville, d’autres ont volontiers ouvert leurs commerces et laisser l’accès aux sanitaires, ou fourni des denrées alimentaires. « Des dons de tentes venaient de partout. Les sans-abris qui vivaient dans le quartier ont pu en profiter », raconte Jeff.
« La puissance d’un pouvoir collectif »
Chase Cross se souvient encore de ce moment de communion. Cycliste aguerri, cet enfant de Seattle a appartenu à la brigade des cyclistes chargée…
La suite est à lire sur: www.bastamag.net
Auteur: Fatoumata Diallo