Aux États-Unis, les parcs naturels face au tourisme de masse

Île des Monts Déserts (Maine, États-Unis), reportage

La brume se dissipe à mesure que l’on s’élève au-dessus de l’Atlantique, sur les hauteurs de l’île des Monts déserts. Il n’y en a presque plus, quand la ranger Katie Liming se présente devant le quartier général du parc Acadia, un baraquement d’aspect militaire en bois sombre. Sur son bonnet kaki (le printemps est encore jeune, dans le Maine), trône le logo du prestigieux National Park Service. « Je suis ici pour quelques mois, je retourne à Washington, au quartier général du NPS, dans peu de temps. » Elle est là en coup de vent et parle vite car tout semble s’accélérer en ce moment au parc Acadia. Les rangers se préparent à l’arrivée imminente du flot de touristes qui viennent l’envahir dès que le mercure remonte.

« L’an dernier, on a battu notre record du nombre de visiteurs. Ils étaient plus de 4 millions. Acadia est un petit parc, comparé à d’autres. On ne savait plus où les mettre. On est aussi obligés de les prévenir : « Vous allez voir beaucoup de monde et vous n’arriverez pas forcément à voir tout ce que vous aviez en tête » », explique-t-elle. Le cas d’Acadia n’est pas isolé. Grand Canyon, Yosemite, Vallée de la mort… Dans celui de Yellowstone, le camping a grimpé de 93 % en deux ans, et trois parcs ont reçu plus de dix millions de visites l’année dernière. La majorité de la foule se concentre sur les 25 parcs les plus populaires, qui représentent 6 % de leur ensemble.

Vue depuis le sommet du mont Cadillac. © Alexis Gacon / Reporterre

Pourquoi une telle popularité pour celui du Maine ? « C’est un joyau de la côte est, tout simplement », dit Katie dans un sourire. Elle n’a pas tort. L’île des Monts Déserts — où Marguerite Yourcenar a longtemps habité avec sa compagne —, qui abrite la plus grande partie du parc, laisse peu de temps au visiteur pour retrouver son souffle. En automne, les érables aux cent couleurs qui peuplent l’île surplombent les eaux cristallines de l’Atlantique, qui s’amuse en contrebas. Et en tout temps, les familles se ruent au Thunder Hole, un renfoncement granitique qui fait résonner comme un orage la marée montante de l’océan, sous les cris des petits.

Mais le joyau commence à pâlir. À moins de cinq heures de Boston et huit de New York, il attire sans cesse les familles et les touristes étrangers qui y font étape. Bar Harbour, joli camp de base vers l’entrée du parc, est devenu un enchevêtrement de boutiques souvenirs où l’on peut…

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Auteur: Reporterre