Aux États-Unis, une fronde contre l’investissement responsable se dessine

La vie européenne des affaires et de la finance est rythmée quasi quotidiennement par la nécessité d’adopter des comportements et des objectifs plus ambitieux et plus respectueux en matière sociale ou environnementale, et en particulier en matière de transition vers une économie bas carbone.

Dans le domaine financier, ce mouvement se retrouve fréquemment sous la bannière de l’Investissement socialement responsable (ISR) et des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) qui, de marginaux, sont devenus un phénomène majeur de l’industrie financière contemporaine.

Ainsi, la Global Sustainable Investment Alliance (GSIA) a estimé en 2020 que les montants relevant de cette catégorie, définie assez largement, représentaient 35 300 milliards de dollars américains et 35,6 % des actifs sous gestion.

Au cours de la période récente, les États-Unis ont dépassé l’Europe comme première région d’implantation de l’ISR. Cependant, en réaction à cette nouvelle donne internationale, un mouvement récent et essentiellement américain est né pour s’opposer à cette évolution considérée comme préjudiciable aux intérêts des investisseurs.

Fonds « anti-woke »

Pour les détracteurs de l’investissement responsable, les fonds d’investissement doivent d’abord assurer une rentabilité maximale aux investisseurs (souvent futurs retraités dans un système de retraite par capitalisation). Selon eux, les critères ISR ou ESG servent des intérêts politiques contraires aux valeurs des épargnants concernés. On s’accorde pour parler d’investissement ou de fonds anti-ESG ou parfois « anti-woke ».

On retrouve ici l’opposition traditionnelle entre les tenants d’une vision friedmanienne où la responsabilité sociale des entreprises est d’accroître leurs profits et ceux d’une vision partenariale à la Freeman où l’ensemble des parties prenantes (stakeholders) doit être pris en considération.



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Cette réaction est plus ou moins liée au parti républicain. Certains États américains dirigés par des gouverneurs issus de ce parti (Arkansas, Missoussi, etc.), notamment dans le centre du pays, ont ainsi récemment fait passer des législations visant à limiter l’application de ces critères à l’investissement, en mettant notamment en avant leur caractère…

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Auteur: Jérôme Caby, Professeur des Universités, IAE Paris – Sorbonne Business School