Les 14 candidats toujours en lice pour représenter le Parti républicain à l’élection présidentielle de 2024 ne s’accordent pas sur tous les points. Mais s’il est bien un aspect doctrinal qu’ils ont globalement en partage, c’est la conviction que les aides sociales distribuées à la population sont excessives et néfastes, car elles inciteraient les récipiendaires à s’en contenter et à privilégier l’oisiveté à la recherche d’un emploi. Si cette vision des choses semble aujourd’hui faire consensus au sein du « Grand Old Party » et, au-delà, dans l’ensemble du mouvement conservateur américain, et si elle a été un élément important de la politique conduite par Ronald Reagan, souvent citée en référence dans ce camp politique, il n’en a pas toujours été ainsi.
Dans « L’Affaire de Newburgh », qui vient de paraître aux Presses de Sciences Po et dont nous vous proposons ci-dessous un extrait, l’historienne des États-Unis Tamara Boussac (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), revient en détails sur un moment charnière : la contestation farouche, lancée en 1961 à Newburgh, dans l’État de New York, par un responsable conservateur local, d’un « welfare state » (État providence) accusé de tous les maux. Plus de 60 ans plus tard, cette séquence politico-médiatique continue d’imprégner profondément le discours et les actes du Parti républicain et de ses électeurs.
Le soir du dimanche 28 janvier 1962, lorsque les Américains allument la télévision pour regarder la série documentaire « White Papers » sur NBC, ils voient apparaître le visage de Joseph McDowell Mitchell, le city manager de Newburgh, petite ville de l’État de New York. Avec force, le fonctionnaire de 39 ans se lance dans une diatribe contre les programmes d’assistance sociale (welfare) :
« Nous contestons le droit des programmes sociaux de contribuer à la taudification des villes, à la propagation des…
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Auteur: Tamara Boussac, Maîtresse de conférences en études nord-américaines, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne