Aux origines de la république macronienne, II.

Je commencerai par renvoyer au précédent ouvrage des mêmes auteurs : Le Directoire. La république sans la démocratie, paru chez le même éditeur en 2018. J’en avais parlé ici-même, et je me permets de commencer par me citer – non que j’aurais chopé la grosse tête, hein, mais parce que la conclusion de ma recension d’alors me paraît pouvoir servir d’introduction à celle qui va suivre :

« Selon Belissa & Bosc, “par convention, les historiens considèrent que le coup d’État du 18 brumaire met fin au processus ouvert en 1789. […] Mais on peut également estimer que le régime consulaire est moins une rupture que l’aboutissement du projet thermidorien qui consiste à ‘terminer la révolution’ en confisquant la souveraineté. En d’autres termes, la rupture avec 1789 a déjà été en grande partie consommée en 1795.” Le Consulat (soit la période qui va de la fin du Directoire en 1799 à l’autoproclamation de Bonaparte comme empereur Napoléon Ier en 1804) se permit même de rétablir le suffrage universel masculin, tout en multipliant les niveaux de délégation, soit une “démocratie sans inconvénient”, comme disait Cabanis, l’un des rédacteurs de la Constitution “consulaire” qui succéda à la “directoriale” en 1799. Selon le même Cabanis, disent Belissa & Bosc, le peuple doit être la source de tous les pouvoirs mais il faut également qu’il n’en exerce aucun. Effectivement, voilà qui est tout à fait thermidorien. Je dirais même plus : macronien. »

On comprend pourquoi, à quelques jours de l’élection présidentielle, je crois bon de rendre compte du nouvel opus de nos deux historiens. Je crains que cela ne nous encourage guère à aller exercer notre « devoir civique », comme ils disent… tant ce livre, dans la continuité du précédent comme le Consulat s’inscrit dans la continuité du Directoire et donc de Thermidor, nous donne à voir et à comprendre tout ce que les institutions de la Ve République (issue, elle aussi, d’un coup d’État perpétré par un militaire) doivent à Bonaparte (Napoléon n’apparaîtra qu’avec sa proclamation comme « Empereur des Français » le 2 décembre 1804).

Peu de jours avant le premier tour de la mascarade désormais quinquennale, c’est certainement le premier chapitre de ce Consulat de Bonaparte qui est le plus édifiant. Son titre en lui-même pourrait presque suffire à le résumer : « La confiscation de la souveraineté au profit d’un seul ». Le Directoire avait déjà ôté toute capacité…

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Auteur: lundimatin