Avec la canicule, les habitants des HLM suffoquent

Bagnols-sur-Cèze (Gard), reportage

Dans le noir, fenêtres et volets fermés, André vit calfeutrée chez elle. Depuis juin, rares ont été les journées en dessous de 35 °C à Bagnols-sur-Cèze. Ce mercredi 3 août, le thermomètre affiche 33 °C dans son appartement situé dans le quartier populaire des Escanaux. Le ventilateur brasse de l’air chaud, pas de quoi soulager la retraitée de 69 ans, devenue aveugle à la suite d’un traitement contre le cancer.

Elle accuse le bailleur social, Habitat du Gard, qui détient la plupart des logements du quartier, de mépriser les habitants : « Nos logements sont des passoires, ils n’ont pas été isolés de l’extérieur. L’hiver, on utilise du chauffage alors que les prix de l’énergie augmentent. Et l’été, il fait extrêmement chaud et on n’a pas les moyens d’avoir une clim’ », décrit-elle. « Beaucoup de personnes âgées aimeraient partir. Imaginez vivre ici quand on est en chimiothérapie. Avec nos petits moyens, on n’a pas d’autre choix que de subir. »

André, malvoyante, suffoque dans son appartement où elle reste calfeutrée depuis le mois de juin. © Estelle Pereira / Reporterre

Dehors, il fait 39 °C. Les rayons de soleil s’écrasent sur les murs des immeubles. Sur certains, les fenêtres sont recouvertes par des formes rectangulaires de béton, comme si elles étaient condamnées. Des « œuvres » des architectes qui ont conçu ces logements dans les années 60. Une autre époque. Aujourd’hui, ces obstructions empêchent les courants d’air qui pourraient rafraîchir les appartements. Beaucoup de bâtiments sont délabrés : les locataires utilisent des rideaux pour remplacer les volets défaillants.

Au cœur de la cité, le jardin Marcel Pagnol offre un peu de répit. Mourad, 26 ans, assis sur un banc à l’ombre d’un chêne, attend patiemment que le soleil soit plus clément. « Il fait moins chaud ici que dans mon appartement », relate-t-il. Il vit dans la tour « nuage » reconnaissable à sa couleur bleue et à ses nuages dessinés sur sa façade.

Les marques de manque d’entretien de la tour nuage sont nombreuses. © Estelle Pereira / Reporterre

« Plus vous montez les étages, plus il fait chaud », confirme une infirmière croisée dans le hall d’entrée. « Il est vrai que j’ai des personnes sous traitement qui seraient mieux dans un environnement plus tempéré », concède-t-elle, avant de filer à vive allure dans les escaliers étroits.

De nombreuses études documentent les liens entre la surmortalité pendant…

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Auteur: Reporterre