Avec la low-tech, penser et agir par-delà la technique

L’Agence de la transition écologique (Ademe) a mené une étude publiée en mars 2021 pour dresser un état des lieux des démarches low-tech et des perspectives associées. Car si le concept prend racine dans les années 1970 avec des auteurs comme Ivan Illich, Lewis Mumford, Ernst F. Schumacher, Jacques Ellul ou Cornélius Castoriadis, il n’existe pas de définition commune et partagée relative à ce terme. L’objectif était donc d’en proposer une autre, complémentaire.

En bref, alors que la masse de la « techno-sphère » (objets, machines, équipements, infrastructures, etc.) fabriquée par l’humain (évaluée à 1100 milliards de tonnes) aurait dépassé celle de la biomasse terrestre (évaluée à 1000 milliards de tonnes) selon une étude parue dans Nature en décembre 2020, la démarche low-tech vise à réduire la taille, l’intensité et la complexité du système technique de l’économie pour que celle-ci se « ré-encastre », comme dirait l’économiste hongrois Karl Polanyi, dans les limites planétaires.

Tentons d’en dresser les contours.

Le triptyque « utilité, durabilité, accessibilité »

Et concrètement ? Le terme low-tech est associé dans les esprits à la diminution de l’empreinte environnementale d’un objet en particulier – par exemple, un cuiseur solaire ou des toilettes sèches. Le Low Tech Lab, laboratoire d’exploration, de documentation et de démonstration low-tech, dresse une liste de trois critères caractérisant les produits low-tech : l’accessibilité, la durabilité et l’utilité.

L’accessibilité renvoie à la démocratisation de l’accès aux savoirs, savoir-faire (et même savoir-être) techniques, dans une perspective de circulation ouverte (open source) par la transmission et des parcours de formation adaptés.

La low-tech est durable en ce qu’elle s’inscrit dans des logiques d’économie circulaire, de réemploi, de réutilisation, de recyclage. Elle encourage par conséquent la réflexion sur la sobriété mais aussi sur l’écoconception et la simplicité de l’outil technique, en évitant par exemple les alliages de matériaux, qui rendent le recyclage beaucoup plus difficile.

Enfin, l’objet low-tech doit être utile : baisser l’empreinte écologique d’un objet qui répond à un besoin relevant d’une consommation ostentatoire et superfétatoire n’aurait pas de sens.

Quelques critères de démarches low-tech complémentaires à ceux de l’étude de l’Ademe.
Arthur Keller et Émilien Bournigal/Wikimedia, CC BY-NC-SA

Discernement, remède à l’ambivalence technique

Tous ces critères sont bien sûr au cœur de la définition qu’a tenté de construire l’Ademe, et celui de l’utilité en tête : elle renvoie aux notions de sobriété et de discernement, comme remède à l’ambivalence de la technique mise en avant par l’historien et…

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Auteur: Thibaut Faucon, Coordinateur scientifique et technique, Ademe (Agence de la transition écologique)