Avec la réforme des retraites, moins de bénévoles pour protéger la nature

« Quand on va compter les oiseaux marins sur la rade de Brest, on part le matin à l’aube, et on rentre tard le soir », rapporte Jean-Noël Ballot, naturaliste bénévole à Bretagne Vivante. Cet ancien informaticien brestois a pris sa retraite à 60 ans, ce qui lui permet, depuis deux ans, de s’investir pleinement dans cette association de protection de la nature. Le jeune retraité se consacre surtout aux missions de terrain : il compte les reptiles et les oiseaux protégés dans les Monts d’Arrée, participe à l’inventaire des oiseaux marins sur les îles bretonnes, et fait partie du comité de pilotage du loup en Centre-Bretagne. En parallèle, il est également devenu administrateur de Bretagne Vivante. Au total, son engagement associatif représente entre 35 à 40 heures par semaine. « L’équivalent d’un temps plein » reconnaît-il.

Jean-Noël Ballot n’est pas un cas isolé : en France, les associations de protection de la nature comptent en grande partie sur leurs bénévoles, en particulier des jeunes retraités motivés, comme lui. Mais avec le report de l’âge légal de départ à la retraite, désormais repoussé à 64 ans si la nouvelle réforme est adoptée, cette manne de bénévoles fraîchement retraités risque de se tarir. À terme, cela pourrait nuire aux missions de protection et d’inventorisation de la nature : « La plupart de nos bénévoles sont des jeunes retraités, donc avec le recul de l’âge de départ à la retraite, ils seront plus usés par le travail, et ils auront moins d’énergie à consacrer à la biodiversité. Ou alors ils feront des missions plus ponctuelles, plus courtes », s’inquiète Clothilde Kussener, responsable du pôle bénévolat à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). « La majorité de nos bénévoles ont plus de 60 ans (43 %) avec une proportion de 42 % à la retraite », dit-elle. L’avantage de ces jeunes seniors est qu’ils sont disponibles en semaine, et ont encore assez d’énergie pour faire des missions de terrain, comme du suivi d’espèces protégées.

Marcher plusieurs heures sur des sentiers escarpés, ou au contraire rester immobile dans le froid, à observer des oiseaux à la longue vue… Le comptage et le suivi d’espèces demandent en effet une certaine condition physique. « Passé 64 ans, tout le monde n’est plus forcément capable de le faire », observe Jean-Noël Ballot.

Les conséquences de la réforme se mesurent sur le terrain mais aussi sur les tâches administratives et la représentation dans les conseils d’administration. Selon les données de France Bénévolat, plus de la moitié des responsables d’association sont des retraités. « C’est très difficile, voire impossible, de s’engager…

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Auteur: Scandola Graziani Reporterre