Avec l'élevage en lactation continue, on peut se passer de l'abattoir

Peu de gens savent que la grande majorité des exploitations laitières engendrent autant de mises à mort que les élevages destinés à la production de viande : afin que le lait puisse être recueilli pour la consommation humaine, les mères font des petits chaque année, qui leur sont retirés dès la naissance et souvent placés, 24 heures sur 24, dans des « niches » individuelles. Les jeunes animaux sont engraissés avec du lait en poudre reconstitué avant d’être envoyés à l’abattoir au bout de quelques semaines. Quant aux mères, une fois leurs capacités laitières épuisées par ce régime intensif, elles sont abattues en moyenne à 3 ans et demi pour les chèvres, 7 ans pour les vaches, alors que leur espérance de vie est de 15 à 20 ans.

Dans cette manière de concevoir l’élevage laitier, les mères réformées et leur progéniture sont considérées comme des sous-produits de la filière, achetées à vil prix par l’industrie et abattues par millions chaque année. Une pratique qui pèse de surcroît sur les éleveurs : les mises bas, les séparations, le nourrissage des petits sont particulièrement éprouvants.

Jean-Yves Ruelloux est éleveur de chèvres et producteur de fromages à Priziac, dans le Morbihan. Il a travaillé de façon classique une quinzaine d’années durant. Au gré des mises bas et des surmenages, il a peu à peu révolutionné sa méthode de travail. « J’avais entendu parler d’un éleveur qui trayait ses chèvres pendant des années, après qu’elles aient mis bas une seule fois. J’avais aussi en tête l’exemple des nourrices chez les humains, qui font un enfant puis allaitent les bébés des bourgeois pendant des années, sans refaire d’enfant. Alors, pourquoi pas les chèvres ? » Jean-Yves a tenté de traire quelques chèvres sans qu’elle donne naissance à un nouveau petit. Devant le succès de l’expérience, il a étendu la méthode à l’ensemble de son troupeau. Ainsi, depuis 2005, ses chèvres ne mettent bas qu’une seule fois dans leur vie et sont ensuite en « lactation continue », jusqu’à douze années consécutives.

Au fil du temps, Jean-Yves Ruelloux dit avoir découvert de nombreux avantages à cette pratique :

  • la grande partie des interventions vétérinaires sont occasionnées, comme dans tous les élevages, par les fins de gestation, les mises bas, ou les mammites (infections) fulgurantes après mises bas. La quasi-disparition de ces dernières dans son élevage a engendré d’importantes améliorations pour la santé de ses chèvres et…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Inès Léraud Reporterre