Avec les chômeurs, la France n’est pas plus généreuse que ses voisins

À chaque annonce de projet de réforme de l’assurance-chômage (et elles sont fréquentes), une même question revient dans le débat public : le système français serait-il trop généreux, « parmi les plus généreux d’Europe » selon les mots de l’actuel ministre des Finances Bruno Le Maire  ? Simple dans sa formulation, cet exercice de comparaison est en fait rendu difficile par la variété des critères utilisés dans chaque pays pour déterminer le versement (ou non) d’une allocation chômage, son montant, le complément ou la substitution par d’autres aides ou allocations d’assistance (le RSA en France par exemple…) mais aussi par l’évolution parfois rapide de ces critères.

Surtout, les termes mêmes de ce débat apparaissent faussés. N’est-il pas trompeur de parler de générosité alors que les chômeurs indemnisés par l’Unedic (catégorie A) percevaient 1093€ net par mois en moyenne en 2022, tout juste 52 % du salaire médian ? Est-il pertinent de mettre l’accent sur les aides versées alors que seuls 46 % de l’ensemble des inscrits à France Travail sont effectivement indemnisés ? Est-il urgent de rechercher des économies sur l’assurance-chômage alors que le taux de pauvreté des chômeurs est cinq fois plus important que pour les salariés (35,1 % des chômeurs sont en risque de pauvreté monétaire) ? Un panorama des systèmes européens d’assurance-chômage permet d’éclairer cette caractéristique centrale, et parfois méconnue, de l’indemnisation des chômeurs : celle-ci n’est « généreuse » nulle part, ni en France, ni chez nos voisins.

À rebours d’un principe d’exhaustivité parfois peu pertinent (et peu lisible) pour l’analyse comparative, nous nous concentrons dans ce qui suit sur les nations européennes les plus comparables par la taille de leur population et de leur PIB (les huit principales économies, plus le Danemark étant donné son statut de modèle…

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Auteur: Baptiste Francon, Maître de conférences en économie, Université de Lorraine