Le bâtiment historique de l’Agora de la danse avait été un couvent. Puis une prison. Puis une caserne de CRS. Depuis qu’il est dévolu à la culture, on n’a cessé d’y rajouter des grilles. La Montpellier socialo, haut lieu de la ségrégation.
Ça n’arrête pas. Dans les médias, on n’avait jamais vu autant de photos de la façade de l’Agora de la danse, sur le boulevard Louis Blanc ; impressionnante avec son escalier monumental à double volée. Or il y a un truc qui cloche. A chaque fois, ces photos révèlent tout autant les redoutables grilles métalliques, de plus de deux mètres de haut, qui barrent, hideuses, l’entrée de cet établissement, le long du trottoir, juste au niveau de la station de tram Louis Blanc.
Ce qui cloche, c’est que l’abondance de cette image est due à l’occupation actuellement conduite par les artistes, les professionnels de la culture, et autres précaires, à l’intérieur du Centre chorégraphique national qui est l’une des entités qu’abrite l’Agora de la danse. Forcément, on pense à une ruche d’activités en prise sur le monde tel qu’il va ; tel qu’il se bat. Un truc ouvert. D’ailleurs, c’est toute une quantité de banderoles et panneaux revendicatifs qui ont été accrochés sur cette façade. Oui mais les grilles du bâtiment n’ont jamais paru aussi hermétiquement closes (au nom du confinement, du reste).
Carrément, on nageait dans l’absurdité, lorsque le groupe HK et les Saltimbanks est venu terminer là son concert de rue ambulant, le 17 mars. Plus d’un millier de spectateurs manifestants l’accompagnaient, euphoriques et déhanchés, sur le tube militant “On va danser, danser”. Oui mais à Montpellier, quand toute la rue danse, l’Agora de la danse reste claquemurée derrière ses grilles intimidantes. Les actuels occupants en colère n’y sont absolument pour rien. Il faut néanmoins expliquer ce phénomène. Il est politique.
Historiquement, ce bâtiment fut édifié en tant que couvent des Ursulines, à l’époque où l’implantation de quantité d’ordres religieux catholiques marque la victoire de la Contre-Réforme, à l’issue des guerres de religion, qui n’ont pas manqué de déchirer Montpellier. Un couvent donc. Bien clos. Dans le langage vieux montpelliérain d’aujourd’hui, on continue d’ailleurs de désigner cet endroit comme “Les Ursulines”, plutôt que l’Agora de la danse. Puis l’édifice connut une nouvelle affectation : il devint une prison. Bien close. Enfin, sa dernière affectation fut celui…
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Auteur: Le Poing