Avec « Ringolevio », puisque la révolution c'est maintenant

Les éditions L’échappée vienne de republier Ringolevio, l’incroyable et peut-être apocryphe autobiographie d’Emmett Grogan, fondateur des Diggers en 1966. Des rues de New-York aux occupations sauvages à San Francisco, ce livre nous replonge dans ce que le mouvement hippie et la contre-culture américaine ont eu de plus subversif et sulfureux.

Ça commence par le ringolevio, on apprend tout de suite à quoi correspond ce mot inconnu à tout novice européen. Le ringolevio est un jeu de rue pratiqué par les gamins de New York réunis en bande, les bandes s’opposent qui doivent capturer les membres de la bande adverse et les retenir dans une « prison ». Les parties peuvent se jouer à grande échelle sur un quartier entier. Et Grogan de raconter une partie mémorable en cela qu’elle a tourné au drame, un agent patrouilleur ayant pris des joueurs en train de courir pour des délinquants et ayant fait feu, tuant l’un d’eux et handicapant l’autre pour la vie. Le flic assassin fut aussitôt dépiauté de ses vêtements et molesté par une foule de jeunes gens sidérés par la tournure des événements. Ainsi se clôtura une partie en ces rues lointaines où même les flics sont abandonnés à eux-mêmes.

Kenny, l’un des brillants protagonistes de cette journée particulière, devient accro à l’héroïne à treize ans, effectue un court séjour en prison, puis, quoique brillamment reçu dans une école bien fréquentée, se fait bientôt cambrioleur des riches parents de ses condisciples, avec, pour commencer, une effraction acrobatique par le conduit d’un monte-plats, l’enlèvement d’un coffre-fort de marque Diebold avant d’aller plus loin le découper au ciseau et à la masse, rivières de diamants à la clef. Tout cela chronométré au quart de poil. Un premier métier qu’il maîtrise d’emblée alors qu’il a tout juste quinze ans, mais qui finira par lui attirer des jalousies. A force de doubler certains intermédiaires, de fourguer directement à des receleurs, il s’attire la foudre des floués. Aussi, est-ce lesté d’un énorme paquet de dollars qu’il doit partir dare-dare vers l’Europe pour échapper à la mort, les parrains du coin ayant fini par s’énerver grave contre ce blanc-bec trop entreprenant.

A Paris, Kenny rencontre deux Canadiens qui l’adoptent et l’embarquent avec eux, direction l’Italie où il devient alpiniste en quelques mois, participe à la construction d’une église, apprend la langue de Pavese, se forme au cinéma à Cinecittà et, concomitamment, se fabrique…

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Auteur: lundimatin