Bagnoles, émeutes et libération noire

Des milliers de personnes en provenance des quatre coins du pays, qui convergent vers Paris pour manifester contre les restrictions sanitaires et la flambée des prix de l’essence et de l’énergie. 7200 policiers mobilisés pour sécuriser la capitale et éviter le blocage des flux. Des barrages, des blindés, des dépaneuses, des hélicoptères et un président qui appelle « au plus grand calme » des manifestant-es en camping-car. Autant dire que ce samedi, une certaine inquiétude s’est propagée au sommet du gouvernement et à la Préfecture de police de Paris.

Continuité des mobilisations contre le passe sanitaire de cet été noyautée par l’extrême droite, résurgence des Gilets Jaunes ou mouvement spontané des amoureux du bitûme ? Pour l’instant, les commentateurs se contentent de projeter leurs peurs ou leurs fantasmes sur un « convoi de la liberté » qui devrait d’abord interroger.

Plutôt que de ramener ce mouvement à ce qui est déjà connu et en attendant de produire une analyse plus complète en cours, nous pouvons commencer par nous intéresser à ce qu’il contient de novateur, dans sa forme au moins : manifester en voiture n’est pas monnaie courante en France. Nous publions cette traduction d’un texte américain écrit depuis le le mouvement Georg Floyd et qui se propose précisément d’analyser le rôle de l’automobile dans les moments de soulèvements populaires. Il faut faire avec le cadre de pensée et le jargon marxiste présent de bout en bout mais les éléments apportés donnent à penser quant aux complémentarités tactiques des pieds et des pneus, en particulier pour organiser et consolider les pratiques de pillage.

Bagnoles, émeutes et libération noire

Suite au meurtre de Walter Wallace à Philadelphie, quelques leçons de la révolteShemon Salam et Arturo Castillon

Les vitrines tombent. D’épais panaches de fumée noire s’échappent d’une voiture de police en feu, immobilisée au milieu de la 52e rue. Un autre homme noir abattu par la police. Un autre soulèvement pour défendre la dignité humaine. « Monsieur, c’est le chaos ! » hurle dans sa radio un des agents alors que lui et ses collègues reculent sous un déluge de pierres, de bouteilles et de briques. « Arrêtez de jeter tout ça ! » exhorte un homme noir plus âgé sans que cela dissuade les jeunes insurgé-e-s noir-e-s de continuer à lancer des projectiles. Dépassée par les centaines de manifestant-e-s, la police ne peut que regarder de loin les foules occuppées à piller les magasins tout le…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin