Ballet de philanthropes médiatiques au Sénat

Auditionné le 19 janvier par la commission d’enquête du Sénat, le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire de Vivendi (qui contrôle le groupe Canal+, Prisma Media et Lagardère) a joué le premier acte de la comédie : « Ma capacité personnelle à imposer des choses n’est pas très importante […]. Je n’ai pas le pouvoir de nommer qui que ce soit à l’intérieur des chaînes. » Pour en prendre la mesure, nous encourageons les lecteurs à (re)parcourir l’histoire de son management aAmplement documentée par Les Jours

D’après Le Canard enchaîné (26/01), le milliardaire aurait même suffisamment de temps pour s’amuser à décider personnellement des financements – et parfois même de la direction – de certains scénarios des films et séries de Canal+. Mais un censeur sachant censurer sait assurer ses arrières : « Il n’y a jamais de traces écrites de sa présence aux comités, jamais de mails, remarque un membre de la chaîne, tout se fait à l’oral ». Certains films traitant du catholicisme sous un angle déplaisant au très pieux propriétaire ou présentés par des personnes qu’il n’apprécie pas ont été tout simplement recalés. Toujours selon Le Canard enchaîné, « à l’inverse, « Merci patron ! », le film de François Ruffin sur Bernard Arnault, a eu droit sans problème à une « prime au succès », « parce que ça faisait chier Arnault. » » À quoi tient une carrière…

Bernard Arnault justement, première fortune du pays et propriétaire via LVMH du Parisien, de Radio Classique ou encore des Échos, a également eu droit à une audition au Sénat, le 20 janvier. Après avoir passé plusieurs mois à tenter par tous les moyens de récupérer le groupe Lagardère aux griffes de Vincent Bolloré, le milliardaire a déclaré : « Cette activité n’est pas ma spécialité, j’y consacre peu de temps ». Et quand disponibilité il y a, il s’agit bien entendu de mécénat : « Il nous est apparu dans l’intérêt général de le faire. Sinon, certains titres n’auraient pas survécu. » L’addenda est toutefois important : « Il faut quand même qu’on puisse réagir [à un changement de ligne] à un moment ou à un autre. […] Je prends un exemple stupide, mais si Les Échos, demain, devaient défendre l’économie marxiste, qui plaît peut-être à monsieur Laurent [Pierre Laurent, sénateur PCF, NDLR], je serais quand même extrêmement gêné, hein, bon… voyez ? » On voit bien.

Et la première fortune du pays aurait eu tort de réfréner ses petites effronteries,…

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Auteur: Jérémie Fabre, Sophie Eustache Acrimed