Après que de nombreux leaders de l’organisation civile Baloch Yakjhéti Committee, qui lutte pour l’autodétermination du peuple baloutche au Pakistan et contre une répression brutale, aient été arrêté-es ou aient disparu-es au mois de mars, les manifestations redoublent d’intensité dans cette région surexploitée. Le Poing publie une interview réalisée avec Abdullah Abbas du Conseil du Baloutchistan pour les Droits de l’Homme, lors de la Plateforme des Peuples d’Europe à Vienne, fin février, en coopération avec Benedatta Rossi du média italien DinamoPress.
Le Poing : Peux-tu commencer par te présenter ?
Abdullah Abbas : Mon nom est Abdullah Abbas. Je suis affilié au Conseil du Baloutchistan pour les Droits de l’Homme, et en ce moment directeur exécutif du consulat du Baloutchistan. J’ai commencé en 2005 à cause des « disparitions forcées » en lien avec le mouvement politique.
En 2009 tout a changé et le gouvernement a adopté une politique d’assassinats extrajudiciaires. Ce qui veut dire que les corps sans vie des activistes kidnappé-es et emprisonné-es ont commencé à être retrouvés un peu partout. La vague a été tellement forte que la plupart des activistes baloutches ont été kidnappé-es, certain-es d’entre elles et eux sont toujours porté-es disparu-es.
À partir de 2010 cette politique s’est aussi appliquée à des maires, qui sont actifs-ves dans le mouvement. En 2011 j’ai fuit le pays. J’ai été à Dubaï pendant quelques années, puis au Quatar et en 2016 j’ai rejoint l’Allemagne.
Le Poing : Est-ce que tu peux nous parler de l’histoire de l’État du Baloutchistan ?
Abdullah Abbas : Le Baloutchistan a été un pays libre. Ensuite les anglais-es sont arrivé-es et ont colonisé toute la région, Baloutchistan inclus, vingt ans avant l’occupation de l’ensemble du sous-continent indien. Après la Seconde Guerre Mondiale, au moment où les Britanniques ne pouvaient plus tenir toutes leurs…
Auteur: Julien Servent