Baltasar Garzón – « Il faut dépolitiser la mémoire »

Depuis son bureau madrilène, le célèbre magistrat espagnol, actuellement suspendu, revient sur les grands débats liés à la mémoire historique qui agitent aujourd’hui son pays. Les vieilles blessures de la guerre civile, de la dictature franquiste et de la trouble période de la Transition démocratique seront-elles enfin guéries par le projet de loi de « mémoire démocratique » porté par le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez ?

Les propos de Baltasar Garzón font écho à nos Chroniques de l’impunité franquiste, dont les chapitres continuent de s’écrire en direct. Dernier épisode en date : la comparution de Martín Villa, chef syndical et gouverneur civil durant le franquisme puis ministre de l’Intérieur de la Transition, une première pour le pays. Après des décennies de mutisme et de blocages, le verrou mémoriel peut-il sauter et ouvrir le débat sur le récit national de « l’amnistie pour tous » ? Une politique réparatrice et volontariste en faveur des victimes de la dictature est-elle possible ? 

Destitué en 2010 pour « prévarication » (1), Baltasar Garzón nous confirme qu’il sollicitera sa réintégration à la magistrature dès que possible, à la date de fin de sa période de suspension, le 14 mai prochain.

Le Média : Le 3 septembre dernier, Martín Villa a comparu devant la juge Servini, dans le cadre de la plainte argentine contre les crimes du franquisme, le seul dossier en cours d’instruction dans le monde contre la dictature. Quelle avancée représente cette comparution ?

Baltasar Garzón : Cela faisait un certain temps que Martín Villa avait manifesté son intérêt de répondre à la juge Servini et même de se rendre en Argentine pour cela. Son avocat, Jesús Santos, m’avait d’ailleurs contacté et j’avais dû lui répondre que je n’avais rien à voir avec cette procédure judiciaire, qu’il fallait voir ça avec la juge.

Dans un premier temps, la justice espagnole avait présenté des blocages…

Auteur: Le Média
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