Bannir le lobby du pétrole des négociations climat : quelques pistes

Nicolas Haeringer est activiste climat à 350.org et Maxime Combes est économiste spécialiste des questions climatiques.


La présidence de la COP28, qui va héberger les prochaines négociations climatiques internationales en décembre 2023, a été confiée à Sultan Al Jaber. Il est à la fois ministre de l’Industrie des Émirats arabes unis et PDG de la compagnie nationale pétrolière Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc). Un dirigeant de l’industrie fossile est donc à la tête de notre destinée climatique mondiale. Depuis cette annonce, de nombreux journalistes, expert·es, ONG, militant·es du climat ou simples citoyen·nes ont exprimé leur écœurement — que nous pouvons partager — ou même leur abattement.

Plutôt que nourrir une vague de découragement, nous proposons de regarder la réalité en face et d’essayer de faire de cette nomination un électrochoc collectif. Bien entendu, il est d’abord possible de continuer à exiger, comme les ONG l’ont encore fait fin janvier, que les représentants d’intérêt des énergies fossiles soient interdits des COP. Plus de 630 d’entre eux ont (mal) œuvré lors de la COP27 et leur rôle nocif n’est plus à démontrer. Mais va-t-on se limiter à demander un changement de président de la COP28 ou à ce que Sultan Al Jaber suspende ses activités de PDG ?

L’ambition des COP à renforcer

Puisque la nomination de Sultan Al Jaber ne peut que contribuer à faire grossir le flot de celles et ceux qui répètent à l’envi que les « COP ne servent à rien », une deuxième option consisterait à abandonner les COP. Cela peut-il nous aider ? Le raisonnement ne tient pas : la lutte contre le réchauffement climatique, à solidarité internationale obligatoire, nécessite des négociations internationales. Les pays et les populations du Sud veulent continuer à utiliser cette instance, aussi imparfaite soit-elle, pour faire valoir leurs intérêts. Des COP sont donc nécessaires, si possible améliorées sur leur fonctionnement et plus ambitieuses sur leur contenu.

Pour tenter de rebondir, sans doute faut-il aller au bout du « reality check » que nous impose cette présidence de la COP28 : les COP sont-elles outillées et en mesure de nous faire progresser vers la fin des énergies fossiles ? Rien n’est moins sûr. La réduction de la production d’énergies fossiles ne fait légalement pas partie du mandat des négociations sur le changement climatique : la Convention-cadre des Nations unies sur le réchauffement climatique (CCNUCC), rédigée en 1992, ne fait pas mention des énergies fossiles.

« Les COP doivent accueillir les débats sur les choix énergétiques des pays »

En près de trente ans de négociations, aucun État, aucune institution…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre