Barbares en avant !

En décembre dernier paraissait dans la revue Endnotes un article intitulé « Onward Barbarians », « Barbares en avant », qui a déjà suscité de nombreuses discussions (en mars dernier, nous publiions une critique de ce texte intitulée « Sept thèses sur la destitution »). En voici donc une bonne traduction réalisée par Stoff et Agitations. L’article est important car il tente d’analyser d’une manière globale la vague de soulèvements mondiale qui dure depuis 2019. À l’encontre de ceux qui on crut trop vite que la pandémie avait stoppé net ces « non-mouvements », les auteurs insistent sur le fait qu’ils ont vocation à s’intensifier puisqu’ils trahissent surtout la stagnation à long terme du capitalisme et la perte de légitimité des régimes politiques, notamment démocratiques. Ce qu’il s’agit alors de décrypter, c’est le rôle et la place de la fragmentation, de la confusion et des « politiques de l’identité » dans ces non-mouvements, ainsi que la focalisation contre la police. Selon les auteurs, il n’y a pas à s’en alarmer : il faut plutôt essayer de partir de cette confusion nouvelle, la comprendre plus finement comme dépassement des anciennes formes politiques et accepter de marcher aux côtés de nouveaux complices.

Au début du mois de mai 2020, des émeutes de la faim ont éclaté à Santiago du Chili. Les confinements avaient privé des hommes et des femmes de leurs revenus, ce qui faillit les faire sombrer dans la famine. Un vaste mouvement de cantines communautaires auto-organisées s’est rapidement répandu dans tout le pays. Plus tard dans le mois, des émeutes se sont propagées au Mexique en réaction au meurtre par la police de Giovanni López – un ouvrier du bâtiment qui avait été arrêté pour non-port de masque – tandis que des milliers de travailleur·ses itinérant·es désespéré·es brisaient le couvre-feu en Inde. Certain·es travailleur·ses des entrepôts d’Amazon aux États-Unis et en Allemagne se sont mis·es en grève pour protester contre les mauvais protocoles sanitaires face au COVID-19. Pourtant, à la fin du mois de mai, ces agitations ouvrières chez le plus grand distributeur du monde furent rapidement noyées par un mouvement de masse d’une ampleur sans précédent qui a secoué les États-Unis en réponse au meurtre policier répugnant de George Floyd, diffusé en direct. Largement initié par les habitant·es noir·es de Minneapolis, le soulèvement a rapidement été rejoint par des Américains de tous lieux, races et classes….

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Auteur: lundimatin