Barcelone : un agent de police infiltré dans les milieux libertaires depuis 2020

L’annonce a fait l’effet d’une bombe dans le milieu anarchiste barcelonais : l’ami, amant, et camarade de lutte « Dani » était en réalité un agent du Corps National de Police d’Espagne. Il a été démasqué par le journal catalan indépendantiste « La Directa » qui au terme d’une investigation de plusieurs mois s’est procuré un faisceau de preuves concordantes, dont une définitive : une photo de lui en uniforme lors de sa formation à l’école de police d’Avila, près de Madrid, en 2019.

La mise au jour de l’opération a provoqué un tollé dans le milieu militant libertaire, mais aussi dans la gauche espagnole au sens large.

Dans le cadre légal espagnol ce genre d’opérations ne peut-être mené que sur ordre judiciaire, lorsqu’il y a soupçon de terrorisme de crime organisé ou de trafic de stupéfiant. Ce qui a priori n’était pas le cas ici. Des sources policières prétendent qu’il s’agissait au contraire d’un travail ordinaire de renseignement tout à fait légal.

Dans la sphère militante, l’affaire soulève d’autres interrogations. Comment un agent de police a-t-il pu s’intégrer avec autant de facilité dans ce milieu fermé sans le moindre bagage politique ? C’est simple : en concentrant ses efforts sur le maillon le plus faible d’une chaîne de sécurité, la faille humaine. Les gens qui l’ont connu pendant son infiltration décrivent Daniel Hernàndez Pons (son nom d’emprunt) comme un personnage extraverti, charmant, très aimable avec tout le monde. En les interrogeant durant son enquête, la Directa a été en mesure de retracer son parcours.

Début juin 2020, au sortir du premier confinement COVID, Dani s’installe dans un petit studio de la rue de la Flor de Neu, à deux pas de la Cinètika, un complexe de cinéma squatté depuis 2016 au cœur du quartier de Sant Andreu de Palomar. Quelques jours plus tard il s’y présente pour participer à l’entraînement de boxe thaï antifa. Le premier contact passe bien. Il explique qu’il est nouveau dans le coin, qu’il est originaire de l’île de Majorque dans les Baléares, ce qui pour le coup est une véritable information : il parle le « majorquin », une variante du catalan. Il prétend gagner sa vie comme installateur de climatiseurs, et exprime son souhait de s’investir dans la vie politique du quartier.

Il se fait rapidement des amis, avec lesquels il boit des bières dans la rue, après le couvre-feu parfois, ce qui l’amène un soir à une…

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Auteur: dev