Baudruche lendemain

On était lendemain. On s’était tout essoufflées, beaucoup tant et tant qu’on n’avait plus d’air pour se porter nos jambes lourdes dans du plomb sous le soleil et comme le matin nous appuyait sur la cage thoracique. Il n’y avait rien sous les arbres, rien sur la route, rien entre les portes ouvertes et puis fermées des autobus urbains, rien dans les bronches non plus, on ouvrait on fermait rien, on mimait juste ; les gestes habituels de la respiration.

On était trop épuisées à ouvrir et alternativement soupirer ça nous collait nos jambes trop lourdes au sol. On avait eu respiré un grand coup mais à présent nous fûmes vraiment sans air, on pouvait cracher, on avait quelque chose dans la trachée, la gorge à sec à force des suites de, les nerfs en blocs à force des suites de, les muscles mous à force des suites de, l’esprit à plat des suites qu’on était crevées. Raplapla, on était vraiment des raplaplas tout morts sur le matin du bitume, on ne savait rien à faire, on mimait seulement.

On ne savait pas quand ça finirait. Il y avait toujours le lendemain. On répétait à chaque pas, il n’y avait rien à faire, il y avait toujours lendemain. On avançait mais on restait encore toujours déjà pendu à l’air, et l’air se raréfiait, on était pendu à l’air qui se raréfiait à force de trop se pendre, la gorge serrée, la tête rouge on était pendues la langue crispée en dehors des lèvres, et ça n’arrivait pas et ça n’arriverait, on était pendues aux paroles on le savait, mais on essayait de respirer quand-même.

On faisait des mouvements, on gigotait sous la corde, on attendait que ça termine enfin et de la main droite on serrait le nœud et de la main gauche on brassait. Des plongeurs, en pleine apnée, autour tout était liquide, les montres en cristaux, les heures et le jour, les coups et les paroles, ça inondait tout autour, c’était boueux. Tout était liquide nous marchions au…

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Auteur: dev