Sa famille a subi le « système officieux de la terreur » d’Assad et s’est échappée de Syrie au compte-goutte. Rindala, Syrienne de 31 ans, a quitté son pays en 2012 et vit aujourd’hui en France. Face à la chute du régime qui a persécuté les siens, elle n’en revient toujours pas. « Ça fait 14 ans qu’on attendait ça, on a déjà vécu beaucoup de déception, témoigne-t-elle. J’ai du mal à le croire. C’est beaucoup de joie, d’euphorie ».
Rindala est l’une des cofondatrices de la Cantine syrienne, un collectif basé à Montreuil, à côté de Paris, et engagé pour la révolution syrienne. Aujourd’hui, depuis l’exil, noyée sous la masse d’information et la rapidité avec laquelle son pays se transforme, elle espère une auto-organisation populaire dans son pays tout juste sorti décennies de règnes de la famille Assad.
« Le pays ne doit pas tomber de nouveau dans le despotisme », insiste la jeune femme. La joie après la chute du régime n’éteint pas complètement son inquiétude face aux profil des rebelles qui ont pris Damas le 8 décembre, les rebelles d’HTS, un groupe islamiste lié à Al Qaida jusqu’en 2016. Elle craint leur tendance autoritaire.
Des conseils locaux
Mais, ajoute-t-elle, « les Syrien
nes ont une réaction allergique à n’importe quelle forme de dictature », assure-t-elle. Aujourd’hui, la réfugiée souhaite pouvoir rentrer à Damas « rien que pour ressentir la joie du retour ». Mais aussi pour participer à l’organisation d’une lutte populaire. Après des années à soutenir de loin son pays à travers l’aide humanitaire, Rindala et ses camarades de la Cantine syrienne souhaitent s’atteler à « recréer des liens politiques, partisans ».Ses « camarades » présents en Syrie lui font remonter des initiatives d’auto-organisation. « Dans quelques villes syriennes, des comités populaires se montent pour nettoyer et reconstruire les quartiers,…
Auteur: Malo Janin