Les effets sanitaires insoupçonnés des pesticides, et la longévité des ces produits que l’on retrouve pendant de nombreuses années dans l’environnement sont des sujets de recherche quasi quotidiens pour Hervé Gillet. Agronome à la retraite, longtemps rattaché à la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires, il épluche inlassablement les revues scientifiques et sites d’informations spécialisés pour formuler des hypothèses et tâcher de comprendre ce qui se joue avec ces produits utilisés massivement, sans que l’on mesure toujours leurs conséquences.
Quand l’affaire des bébés sans bras éclate, à l’automne 2018, il fait partie des scientifiques qui se mettent bénévolement au travail pour tenter de pister les causes environnementales de ces malformations. Pour creuser cette piste, il se concentre sur le cluster de Guidel, dans le Morbihan. Les quatre enfants nés sans bras entre 2012 et 2014 dans cette petite commune rurale ont-ils été exposés à des pesticides pendant leur vie in utero ? Cette hypothèse « n’a pas pu être confirmée malgré une enquête approfondie », affirme l’agence nationale Santé publique France (SPF) dans un rapport publié en 2020.
Les travaux d’Hervé Gillet arrivent à une conclusion bien différente. Pour lui, l’exposition des mères à des pesticides dangereux pour les fœtus est une hypothèse vraisemblable qui aurait mérité de plus amples investigations. Ses travaux ont été présentés au comité d’experts scientifiques sur les agénésies transverses des membres supérieurs (ATMS) en mai 2019. Seul l’un d’entre eux, Michel Mench, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) juge ses premières investigations scientifiques recevables et s’emploie à les défendre, sans succès.
Des épandages de pesticides à proximité des habitations concernées
Pour commencer son…
Auteur: Nolwenn Weiler