Bénis soient les traîtres — Chris HEDGES

Daniel Hale, un analyste du renseignement de l’armée de l’air en service actif, s’est tenu dans le campement Occupy du parc Zuccotti en octobre 2011 dans son uniforme militaire. Il a brandi une pancarte sur laquelle on pouvait lire ’Libérez Bradley Manning’, qui n’avait pas encore annoncé sa transition. C’était un acte de conscience singulier que peu de personnes en uniforme ont eu le courage de reproduire. Il avait pris une semaine de congé de son travail pour rejoindre les manifestants dans le parc. Il était présent à 6 heures du matin le 14 octobre lorsque le maire Michael Bloomberg a fait une première tentative pour faire évacuer le parc. Il était solidaire des milliers de manifestants, dont de nombreux travailleurs syndiqués des transports en commun, des enseignants, des Teamsters et des travailleurs des communications, qui formaient un cercle autour du parc. Il a vu la police reculer devant les acclamations de la foule. Mais cet acte de défi et de courage moral n’était que le début. 

À l’époque, Hale était stationné à Fort Bragg. Quelques mois plus tard, il a été déployé sur la base aérienne de Bagram, en Afghanistan. Il apprendra plus tard qu’alors qu’il se trouvait au parc Zuccotti, Barack Obama a ordonné une attaque de drone à quelque 20000 km de là, au Yémen, qui a tué Abdulrahman Anwar al-Awlaki, le fils de 16 ans du religieux radical et citoyen américain Anwar al-Awlaki, qui avait été abattu par un drone deux semaines auparavant. L’administration Obama a affirmé qu’elle visait le chef d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique, Ibrahim al-Banna, dont elle pensait, à tort, qu’il se trouvait avec le garçon et ses cousins, qui ont tous été tués dans l’attaque. Ce massacre d’innocents a été rendu public, mais il y a eu des milliers d’autres attaques de ce type qui ont tué sans raison des non-combattants et dont seuls Hale et les personnes ayant des autorisations de haute sécurité étaient au courant.

À partir de 2013, Hale, alors qu’il travaillait comme entrepreneur privé, a divulgué quelque 17 documents classifiés sur le programme de drones au journaliste d’investigation Jeremy Scahill, bien que ce dernier ne soit pas nommé dans les documents judiciaires. Les documents divulgués, publiés par The Intercept le 15 octobre 2015, ont révélé qu’entre janvier 2012 et février 2013, les frappes aériennes des opérations spéciales américaines ont tué plus de 200 personnes. Parmi celles-ci, seules 35 étaient les cibles visées. Pendant une période de…

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Auteur: Chris HEDGES Le grand soir