Benoît Coquard : dans les milieux où on vote RN, « la gauche est invisible »

Basta! : On a l’impression que la France rurale a voté massivement RN le 9 juin dernier. Or, vous dites que le fait d’habiter en milieu rural détermine peu le vote. Qu’en est-il ?

Benoît Coquard

Benoît Coquard : Ce qui détermine le vote c’est avant tout la catégorie sociale, la génération, le niveau de diplôme et de revenu, ainsi que le genre. On ne vote donc pas RN seulement parce qu’on est ruraux. Mais souvent on est rural parce qu’on est ouvrier, ou qu’on appartient à des catégories sociales qui votent plus massivement RN que les autres.

C’est pour ça qu’il y a aussi un effet de légitimation locale du vote et de l’affinité politique dominante, parce qu’autour de vous, dans votre entourage, les gens pensent comme vous. C’est tout bête, mais les personnes que vous fréquentez au quotidien et auxquelles vous faites confiance font en quelque sorte office de leader d’opinion. Quand eux votent RN, ils légitiment le vote RN à vos yeux. Les médias le font aussi, en légitimant pour une partie d’entre eux le vote RN.

Des manifestations en opposition à l’extrême droite ont été organisées dans toute la France les 15 et 16 juin, principalement dans les grandes villes. Dans le même temps vous dites que « la dissolution n’empêche pas les gens de dormir ». Assiste t-on à une polarisation encore plus forte de la société ?

La France de manière générale est très polarisée entre des villes qui ne votent pas ou peu extrême droite et la rejettent, et des bourgs et des petites villes où là, le vote RN est très fort. Quand on est d’une campagne comme la mienne, dans le Grand Est, personne ne se cache depuis le 9 juin pour dire qu’il a voté RN. Tout le monde semble d’accord. Il y a donc des effets de polarisation entre d’un côté les grandes villes, qui concentrent les catégories sociales les plus diplômées, et de l’autre côté les bourgs et petites villes où on a…

La suite est à lire sur: basta.media
Auteur: Sophie Chapelle