Benoît Coquard : “la gauche doit aller dans les petites villes”

Dans son livre Ceux qui restent, paru en 2019, le sociologue Benoît Coquard sort des discours convenus sur la France “des territoires” (comme disent les politiques), “périphérique” (comme disent les éditocrates) ou “moche” (comme dit Télérama). Sans doute parce que c’est un milieu qu’il connaît et dont il vient, il ne tombe dans aucun des pièges d’une sociologie surplombante qui parlerait au nom des gens, avec un regard vu d’en haut (de Paris, généralement). Son travail anthropologique permet de comprendre les ressorts de la politisation dans le monde rural et des petites villes et d’éviter deux grands écueils répandus quand il s’agit de parler de ces électeurs : d’un côté un écueil misérabiliste, qui met de côté la xénophobie et le racisme pour insister sur l’expression de souffrance que ce vote constitue. De l’autre une position morale qui insiste sur l’ignominie que constitue ce choix électoral et se refuse d’en étudier les causes. C’est pourquoi je me suis entretenu avec lui au sujet des ressorts et la diffusion du vote RN et des difficultés qu’a la gauche à parler à ces catégories populaires hors des métropoles. Il en ressort des pistes à mon sens essentielles pour retrouver une capacité à partager nos idéaux égalitaires partout et auprès de toutes les classes sociales dominées.


Pourrait-on dire que la victoire du RN serait perçue par la population que tu côtoies et étudies – les ouvriers et employés d’une zone rurale de la région Grand Est – comme une victoire de classe ?

Ce que j’ai remarqué un peu avant le résultat des élections européennes, c’est qu’il y avait un sentiment de type « cette fois-ci on est du côté des vainqueurs », « Ce coup-ci c’est notre tour ».

En 2018, chez les Gilets jaunes que j’accompagnais, il y avait des remarques sarcastiques sur le fait que l’élection de Macron avait été pipée et qu’ensuite ça…

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Auteur: Nicolas Framont