An anti-government demonstrator jumps on tires that were set on fire to block a main highway as he holds a national flag, during a protest in the town of Jal el-Dib, north of Beirut, Lebanon, Tuesday, Jan. 14, 2020. Following a brief lull, Lebanese protesters returned to the streets, blocking several roads around the capital, Beirut, and other areas of the country on Tuesday in renewed rallies against a ruling elite they say has failed to address the economy's downward spiral. (AP Photo/Bilal Hussein)/XBH113/20014427780544//2001141809

Beyrouth au temps des charognards

L’explosion du port est venue ajouter une dimension apocalyptique, presque surréaliste, à la crise totale que vit la société libanaise dont le modèle d’accumulation capitaliste adopté ces trente dernières années s’est brutalement effondré. Comment en est-on arrivé là, et quelle force sociale peut achever cette classe dirigeante ?

Cet article de Jad Bouharoun a été publié initialement sur le site d’Autonomie de classe

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Il faut reconnaître qu’Emmanuel Macron, roi de l’indécence, a un sacré sens du timing. Comme un charognard capable de repérer un animal mourant à des kilomètres à la ronde, le président français a su reconnaître l’opportunité présentée par l’explosion de Beyrouth pour aller parader dans ses rues et s’y offrir un bain de foule à bon marché (chose impensable pour lui en France), alors que la ville stupéfiée et meurtrie commençait à peine à déterrer ses mort.e.s sous les décombres.

Tandis que le président français était entouré de jeunes volontaires bien intentionné.e.s mais biberonné.e.s aux idéologies libérales et qui apprennent la politique sur le tas, d’autres prédateurs arpentaient les rues de Mar Mikhael et Gemmayzeh : les promoteurs immobiliers qui ont vu dans l’explosion l’occasion rêvée de mettre la main sur les vieilles maisons de ces quartiers proches du centre-ville et continuer ainsi la course folle à la spéculation immobilière qui a transformé la capitale libanaise au cours des trente dernières années.

Macron a réussi sa petite comédie médiatique et s’en est allé au moment même où les choses sérieuses commençaient : le lendemain, les rues de Beyrouth offraient un visage bien moins accueillant pour le VRP d’Alsetex, dont les grenades pleuvaient sur…

Auteur : redaction
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