Sur le fond, le plan présenté le 31 mai par Joe Biden pour un cessez-le-feu à Gaza n’a rien de surprenant. Il reprend au mot près le projet en trois phases qui avait été torpillé par Benyamin Netanyahou deux mois plus tôt. Mais la forme, elle, est stupéfiante. Voilà un président des États-Unis qui dévoile une « offre israélienne », alors même que les responsables israéliens n’ont encore rien dit. Si bien qu’on ne sait pas si le plan en question est américain ou israélien, ou un mix improbable. On le sait d’autant moins que Netanyahou, comme la première fois, s’est empressé d’affirmer sa volonté de poursuivre la guerre « jusqu’à la destruction des capacités militaires et de gouvernement du Hamas ». Sans que l’on sache d’ailleurs à quoi la réalisation de cet objectif se reconnaîtrait. Et joignant le geste à la parole, le Premier ministre israélien a aussitôt ordonné de nouvelles frappes meurtrières sur Rafah.
Cet épisode révèle le désarroi politique de deux hommes qui se détestent cordialement.
Nous voilà donc au comble de la confusion. On croit comprendre qu’à force d’impuissance et de couardise, la diplomatie américaine en est réduite à des subtilités byzantines pour semer la zizanie entre Netanyahou et ses alliés d’extrême droite, lesquels ont fait savoir qu’ils feraient tomber le gouvernement si le Premier ministre acceptait le plan divulgué par Biden. Cet épisode révèle le désarroi politique de deux hommes qui se détestent cordialement : le président américain, qui sent bien que l’élection du 5 novembre pourrait lui filer entre les doigts en raison de son soutien à Israël ; et Netanyahou, pris en étau entre les colons extrémistes et une partie de l’opinion publique israélienne qui a encore manifesté massivement le 2 juin pour un cessez-le-feu.
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Auteur: Denis Sieffert