Bidouiller ensemble pour résister aux GAFAM

Entre le rejet radical, difficilement soutenable, du numérique et la soumission décomplexée au monde packagé tout puissant et séduisant des GAFAM, que faire ? Dans son Eloge du bug, sous-titré Être libre à l’époque du numérique le philosophe Marcello Vitali-Rosati ouvre une alternative en nous invitant à soulever le capot pour nous réapproprier les outils du numérique. Le bug, en ce sens, serait moins un ennui qu’une brèche par où peut s’engouffrer un processus d’émancipation critique , certes fastidieux, lent et imparfait mais indispensable à notre reconquête d’autonomie.

Marcello Vitali-Rosati, professeur à l’université de Montréal et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques, affiche d’emblée la couleur : « Ce livre ne présente pas la réflexion d’un expert des technologies, mais celle d’un humaniste, un expert de rien, un philosophe qui n’a pas pour ambition de faire mieux fonctionner les choses mais plutôt de les casser : de prendre sérieusement en compte les bugs pour voir ce qu’ils peuvent nous révéler, nous faire comprendre et de quelle manière ils peuvent contribuer à nous rendre plus lettré.es et plus libres ».

Dans la majeure partie de son essai, il s’attache à déconstruire les valeurs des grandes entreprises du numérique. L’impératif fonctionnel est la première d’entre elles. Comme le dit une publicité pour l’Iphone 14 , « ça marche , c’est tout » (it simply works). Si cet impératif nous parait tellement évident c’est qu’il décline un impératif bien plus général, l’impératif rationnel, né de la logique aristotélicienne et fondé sur les principes de la non-contradiction et du tiers exclu. Le discours de l’inconscient répond à une toute autre logique définie par le psychanalyste Ignacio Matte Blanco comme symétrique – je peux rêver en même temps de mon père et d’être mon père (A peut être B)- qui…

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Auteur: dev