Bienvenue au « Sahelistan » !

Il y a fort à parier que les chefs de l’autre mouvance djihadiste sahélienne –- l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), affilié plutôt à Daech — sont sur un même petit nuage, depuis que Kaboul et l’ensemble des villes afghanes sont tombées comme des fruits mûrs, quasiment sans combats ; et que Paris — las de faire le ménage quasiment tout seul dans les confins sahéliens -– a annoncé une transformation et surtout une réduction drastique de son dispositif militaire dans la région. Une exaltation qui contraste avec l’atonie de l’actuel pouvoir malien — qui semble ne pas se relever du double coup d’État fomenté par sa propre armée, « grand corps malade » de la région ; ou l’attentisme des autres pays sahéliens, qui –- bien qu’également menacés par les groupes djihadistes — ont bien d’autres défis à relever.

Fuite en avant

Lire aussi Philippe Leymarie, « L’armée française doit-elle quitter le Sahel ? », Le Monde diplomatique, février 2021.

L’opinion au Sahel a pourtant été saisie, plus qu’ailleurs sans doute, par les images de débandade et de folie sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul le 15 août, diffusées dans le monde entier. « Retrait annoncé de la force française sur le sol malien : faut-il s’attendre au même scénario qu’à Kaboul ? », titrait le 18 août, à Bamako, le journal Le Soir.

Chez les politiques, une des rares réactions à contre-courant aura été celle de l’ancien ministre malien des affaires étrangères, Tiébilé Dramé, qui demande qu’on tire les leçons de « l’échec afghan » tant qu’il en est encore temps : « Quel message nous envoient les images de l’aéroport de Kaboul ? Depuis des années, des activistes réclament régulièrement le départ des troupes étrangères, reprenant, ce faisant, les demandes des chefs de guerre. Mais il faut voir la réalité en face : les troupes étrangères font un travail utile. Nous devrions sérieusement réfléchir aux conséquences d’un départ précipité non coordonné », conseille-t-il.

« La démoralisation — ou au mieux le doute —, au sein des cercles officiels, civils et militaires, est patente, diagnostique de son côté l’ancien diplomate mauritanien Ahmedou Ould Abdallah, président du Centre 4s, qui a été (entre autres) représentant du secrétaire général des Nations unies en Afrique de l’Ouest. Avec le retrait précipité et chaotique des troupes américaines et alliées d’Afghanistan, un…

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Auteur: Philippe Leymarie