Bio-objets, les nouvelles frontières du vivant

Après l’Empire cybernétique (2004), la Société postmortelle (2008) et le Corps-marché (2014), la sociologue des technologies, Céline Lafontaine continue sur la même lancée avec un livre de sociologie critique sur les dernières avancées des biotechnologies humaines.

Dans un essai mêlant philosophie des sciences, sociologie, critique politique, analyse économique, enquête de terrain, la sociologue donne des outils de compréhension de la nouvelle modernité technologique liée aux transformations structurelles du vivant en ce qu’elle appelle des « bio-objets ». Une recension du groupe Grothendieck.

« Sans prétendre être d’une complète originalité, l’approche développée dans les pages qui suivent est le fruit d’un long travail de réflexion sociologique amorcé il y a près de vingt ans dans L’Empire cybernétique. Il consiste à questionner les conséquences et les limites du réductionnisme épistémologique sur lequel s’appuie le productivisme technoscientifique caractérisant nos sociétés. »

Très critique de la pensée post-moderne universitaire qui tend à mettre « sur le même plan épistémologique un singe, une cellule souche embryonnaire et un téléphone portable […] qui tend à considérer les êtres et les choses selon leur positionnement au sein du système social, conçu comme réseau d’information », la sociologue s’inscrit dans un courant de pensée proche des thèses des penseurs Günthers Anders, Hannah Arendt, Pierre Musso, Alain Gras et de la critique de la cybernétique comme paradigme scientifique de la seconde moitié du XXe siècle. Dans ses livres précédents, elle démontre en quoi « le modèle informationnel » a irrigué tous les champs scientifiques et particulièrement la biologie qui connaissait alors un essor fulgurant lié aux nouvelles technologies, permettant d’ausculter la matière à un niveau moléculaire.

Pour penser la nouvelle hybridation entre la vie et la technologie dans le champs technoscientifique de la biotechnologie, Lafontaine a recours à un concept d’Andrew Webster, celui de « bio-objet » et du processus de « bio-objectivation ». Ce vivant réifié et séparé, stocké et modifié dans les banques de spermes, les champs OGM et les laboratoires de biologie du monde entier (le livre prend des exemples dans les quatre coins de la planète), Céline Lafontaine tente de le caractériser, de cerner ses différences et ses homologies avec le « vivant naturel, organique ».

Son travail permet ainsi de penser ces « bio-objets »…

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Auteur: lundimatin