Blé, huile, viande… Les prix explosent et la famine menace

Ukraine

Le prix des produits alimentaires les plus courants n’a jamais été aussi haut depuis la création en 1990 de l’indice de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cet indice calcule chaque mois les prix d’un panier de produits alimentaires de base. En mars, il était de 159,3, soit une hausse de 12,6 % par rapport à février. Cette hausse est notamment due à l’augmentation considérable du prix des huiles végétales et de céréales depuis le mois dernier. La viande, le sucre et les produits laitiers coûtent, eux aussi, de plus en plus chers.

La situation est tendue depuis 2020, indique à Reporterre Christophe Gouel, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae). « Les stocks de denrées alimentaires étaient déjà très faibles en raison d’une succession d’événements climatiques qui ont eu un impact sur les récoltes, d’importants stocks réalisés par la Chine en prévention d’une période de peste porcine et d’un contexte politique tendu avec Taiwan », résume le spécialiste du rôle des stocks dans la volatilité des prix.

Le conflit russo-ukrainien a empiré la situation. Au point que l’on peut craindre la remontée de la faim dans le monde, selon Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation. La Russie et l’Ukraine pèsent en effet 30 % des exportations mondiales de blé — exportations mises à mal par la guerre.

43 millions de personnes seront confrontées à une insécurité alimentaire aiguë au Sahel

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 43 millions de personnes devraient de ce fait être confrontés à une insécurité alimentaire aiguë dans la région du Sahel d’ici juin. Ce constat fait écho au rapport « Sahel » publié en février par l’organisation Action contre la faim (ACF). Il calcule que près de « 35 millions de personnes au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad, pays qui constituent la région sahélienne de l’Afrique […] n’auront pratiquement rien à manger [et] seront en situation d’insécurité alimentaire et de sous-alimentation, […] entre juin et août ». Le Maghreb va aussi pâtir de la situation, dit à Reporterre Thomas Ribémont, président d’honneur de l’ONG Action contre la faim. Et notamment l’Égypte, « territoire composé d’environ 4 % de terres cultivables et complètement dépendant des importations », l’Algérie ou encore la Tunisie. « En plus d’un risque de crise alimentaire, il…

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Auteur: Clémence Michels Reporterre