La décision politique des dockers : une ligne rouge franchie ?
L’acte n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une série d’initiatives syndicales revendiquées dans plusieurs ports européens (Gênes, Anvers, Barcelone), toutes centrées sur une même logique : bloquer les flux logistiques militaires vers Israël dans un contexte de guerre à Gaza que de nombreux acteurs qualifient de violations graves du droit international humanitaire.
À Marseille, l’opération a ciblé un conteneur embarqué à bord du cargo Marianne Danica, affrété par un transporteur danois pour le compte d’un client israélien. Le matériel militaire, à usage dual selon les documents douaniers, provenait de sous-traitants français spécialisés dans les pièces d’armement de précision.
Un embarras gouvernemental patent : ni condamnation, ni soutien
Côté gouvernement, la ligne officielle reste d’une extrême prudence. Le ministère de l’Économie, par la voix de la Direction générale des douanes, s’est contenté d’indiquer que « les autorisations d’exportation délivrées sont conformes aux engagements européens et aux exigences de la Position commune 2008/944/PESC », selon L’Humanité.
Cette absence de réaction politique tranchée révèle un malaise latent : d’un côté, la France continue d’honorer ses contrats d’exportation d’armement, même à destination d’un pays impliqué dans une guerre urbaine à forte composante civile ; de l’autre, des agents publics – car les dockers sont, dans certains cas, assimilables à des personnels portuaires liés aux collectivités – prennent position sur le terrain, en contradiction avec l’État.
L’Assemblée nationale ne s’est pas encore saisie du sujet. Aucune question écrite ou intervention en séance n’a été enregistrée, mais plusieurs députés de gauche ont exprimé leur soutien aux dockers via les réseaux sociaux, évoquant un « acte de conscience civile »….
Auteur: GAROSCIO, Paolo