Blocage sur le Rhin : les employés d'EDF prêts « à durcir les actions »

Ottmarsheim (Haut-Rhin), reportage

À l’entrée de la centrale hydroélectrique, mise en service en 1952, des piquets métalliques empêchent les camions de livrer les palettes. « Un colis oui, une palette non », résume un logisticien de l’usine, non gréviste. Le livreur repart avec sa cargaison.

Le 17 mars au matin, le trafic fluvial a cumulé plus de quatre heures de retard sur le Rhin. Les trois turbines sont à l’arrêt et seul un des deux sas de l’écluse attenante permet à la circulation rhénane de continuer. Bloqué à l’aide d’un camion-grue, le grand sas n’a pas laissé passer un seul bateau depuis mardi soir. Tous empruntent le petit sas, quelle que soit leur cargaison. À l’origine du blocage, l’intersyndicale des employés d’EDF, surtout représentée sur place par la FNME-CGT.

« Après le 49.3, on est prêt à durcir les actions »

« On a arrêté la production d’électricité et coupé le courant dans l’écluse avant le vote du Parlement, entre 14 et 20 heures jeudi [16 mars] », explique Philippe Charpentier, délégué syndical CGT et employé EDF depuis trente-sept ans. De la centrale hydroélectrique d’une puissance de 160 MW, rien ne sort depuis jeudi midi.

Dans le hall de l’usine occupée, une cinquantaine de grévistes attablés discutent. Ils viennent de voter la fin du blocage pour cette semaine. « On est dans l’entre-deux, les troupes sont fatiguées, on est là depuis mardi soir », poursuit Philippe. Mais ce n’est pas la fin du mouvement. « Après le 49.3, on est prêt à durcir les actions, il faut juste qu’on s’organise », affirme-t-il. Organisation entamée en visioconférence dès vendredi après-midi.

Georges Berruto n’a pas pris part au vote. Retraité d’EDF depuis dix-huit ans, il continue à soutenir ses collègues. « Notre régime spécial a été pensé dans l’après-guerre, il prend en compte les humains qui travaillent, on est une grande famille », dit-il. Un régime excédentaire et tenant compte de la pénibilité des emplois.

Une mobilisation intergénérationnelle

« La vérité c’est qu’après 50 ans, tu ne trouves plus de travail. J’ai envoyé une centaine de CV et reçu seulement trois réponses négatives », ajoute Gene, ancienne salariée EDF remerciée par l’entreprise à 54 ans, venue soutenir ses anciens collègues et son conjoint.

Un peu en retrait du groupe, Régis acquiesce. Éclusier depuis deux ans et demi, lui aussi est salarié de l’industrie électrique et gazière (IGE) et bénéficie du régime spécial que la réforme veut supprimer. Perdre des journées de salaire pèse lourd dans son budget. Depuis deux semaines, il estime qu’il n’a plus rien à perdre. « Si on s’arrête maintenant, tout…

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Auteur: Reporterre