« Bolloré », le talisman des résistants du 29 février

Si facile de voir les mauvais côtés de Vincent Bolloré, boudeur impénitent des communicants qui ne résiste jamais à une bourde. On ne met pas assez en valeur ses bons côtés. Qui sinon « Bolloré » aurait pu redonner le sens de sa mission de service public à l’Arcom, qu’après des années de compromission avec la droite et l’extrême droite tout le monde avait oubliée ? Qui sinon « Bolloré » aurait pu permettre à un académicien moins connu pour son œuvre littéraire que pour sa propagande patronale de passer pour un nostalgique du Conseil national de la Résistance ?

Dans un entretien avec les grands de ce monde dont la grande presse a le secret, bien gardé, Le Monde vient de faire passer Erik Orsenna pour un pamphlétaire à l’avant-garde de la lutte contre le grand capital et pour la démocratie. Comment pareil tour de prestidigitation est-il possible ?

D’abord et avant tout par la grâce de « Bolloré », dont il suffit, dès lors qu’on a déjà un peu d’entregent, de se déclarer l’ennemi pour être reçu avec les honneurs dans les rangs de la Résistance intellectuelle. Ensuite par l’audace à laquelle on reconnaît les vrais académiciens comme Erik : ils osent tout.

Mais qui est donc cet Orsenna qui vouent aux gémonies un « homme d’affaires et de coups » ? Qui déclare sans vergogne que « le pouvoir corrompt absolument » ? Qui en appelle à inventer des « contre-pouvoirs face à [l’]invasion grandissante de la finance » ?

Est-ce bien le même Orsenna nommé par Jean-Marie Messier vice-président du conseil de surveillance de Canal+ ? Le même Orsenna qui fut membre de la Commission pour la libération de la croissance française dirigée par Jacques Attali et lancée par le président Nicolas Sarkozy ? Le même Orsenna qui se poussait au premier rang du lancement d’En marche au service du candidat Emmanuel Macron formé à la banque Rothschild & Co ?

Attali, Macron, Messier, Sarkozy… sont-ils vraiment quatre noms qui sonnent en emblèmes de la résistance à la corruption par le pouvoir ? aux coups d’affaires ? à l’invasion de la finance ?

La journaliste du Monde qui passe les plats suggère tout de même que d’« autres milliardaires ont investi dans les médias ». Et de citer François Pinault, Bernard Arnault et Xavier Niel — elle aurait pu ajouter au moins Patrick Drahi et les familles Bouygues, Dassault, Saadé. Pourquoi ceux-là ne sont-ils pas menacés par l’ire féroce du « Che Guevara de la grammaire » ?

« Un milliardaire ne peut pas…

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Auteur: Thierry Discepolo Acrimed