Bolloré quitte l'Afrique après avoir exploité la forêt

Le spectacle qu’offre le terminal à bois du port camerounais de Douala est toujours saisissant. De gigantesques troncs d’arbres et des palettes de bois débité entassés en grande quantité attendent d’être chargés dans des conteneurs ou embarqués tels quels sur des navires en partance vers l’Europe et l’Asie. Ce terminal est le dernier maillon de l’exploitation forestière industrielle menée en Afrique centrale. C’est le groupe Bolloré qui le gère à travers la Société d’exploitation des parcs à bois du Cameroun (SEPBC), dont il est l’actionnaire majoritaire. Sans doute plus pour très longtemps encore : la multinationale française est en négociations pour céder contre 5,7 milliards d’euros ses actifs dans le secteur de la logistique en Afrique (concessions portuaires, ferroviaires, transport de marchandises, etc.) à l’armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC). « Jackpot en vue pour le groupe Bolloré », titre ainsi le magazine Challenges. Si le marché se conclut, le groupe Bolloré quittera le port de Douala et cessera toutes ses activités liées à la coupe et au commerce de bois précieux africains au Cameroun et dans les autres pays d’Afrique, activités dont il a tiré une partie de sa fortune.

Des grumes de bois dans le port de Brazzaville (fin 2021), au Congo, géré par le groupe français Bolloré Ports. DR

Pendant plus de trente-cinq ans, il a été un acteur de premier plan de cette filière bois. Il s’est d’abord positionné en tout début de chaîne : lorsqu’il s’est implanté en Afrique, au milieu des années 1980, il est devenu propriétaire de deux entreprises d’exploitation forestière au Cameroun, la Société industrielle des bois africains (Sibaf) et la HFC-Forestière de Campo. À l’époque, les grandes compagnies forestières présentes dans cette zone étaient souvent françaises et alimentaient principalement le marché européen. Elles rendaient peu de comptes aux pays dans lesquels elles travaillaient, avaient le contrôle de centaines de milliers d’hectares, coupaient des essences de haute valeur marchande et réalisaient des profits faramineux.

Le contexte a un peu changé dans les années 1990 sous la pression d’organisations non gouvernementales qui ont commencé à documenter et dénoncer les ravages de cette exploitation industrielle sur les humains et l’environnement. La Sibaf et HFC ont fait partie des entreprises épinglées. Sibaf a affecté l’écosystème et a perturbé les traditions et le mode de vie des populations…

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Auteur: Reporterre