Par la notion de bonapartisme, Marx entend une rupture au sein d’un système démocratique provoquée par la conduite déloyale d’organes de l’État qui, avec l’émergence de figures charismatiques, approfondissent les torsions autoritaires de l’ordre. L’analyse du coup d’État par lequel Louis Napoléon Bonaparte, un président élu directement par les citoyens, a interrompu la vie de la deuxième République française en 1852, suggère d’étudier le lien entre la mobilisation des masses et la chute du régime, la tension entre le présidentialisme et le parlementarisme.
L’effort analytique de Marx vise à écarter les concepts simplificateurs, à commencer par celui de « césarisme » qui n’apparaît que comme « une analogie historique superficielle ». Il y a une profonde diversité entre les conflits anciens et modernes, entre la politique romaine et la politique européenne qui exclut toute analogie hâtive sous le signe de César. Et puis la décision, la volonté, le calcul d’un seul acteur affectent les processus mais le font dans des circonstances données (faits, traditions, croyances, relations de pouvoir). Ce n’est que dans le cadre d’une imbrication complexe de phénomènes sociaux et politiques qu’il est possible de déduire la fonction du leader qui rompt la continuité des institutions.
Pour Marx, la notion de Cäsarismus est déviante ; il faut aller au-delà des formes phénoménales de la dispute et encadrer des aspects plus durables. Certes, dans sa conduite, le maître du coup d’État miniature révèle toute « l’incertitude pratique qui contraste de la façon la plus comique avec le style impératif et catégorique des actes gouvernementaux, servilement calqué sur celui de son oncle ». Mais cet aspect comique du personnage, dont la stature politique n’est pas exactement celle d’un homme d’État, ne doit pas occulter un fait, à savoir la coalition sociale que le chef, avec ses théâtres grotesques, organise…
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Auteur: Michele PROSPERO