Bosnie : des scientifiques mobilisés contre la destruction d'un fleuve sauvage

Vallée de la Neretva (Bosnie-Herzégovine), reportage

À l’ombre des forêts d’aulnes du sud de la Bosnie-Herzégovine, des rivières aux eaux cristallines sculptent à leur guise des vallées désertées par les humains. Les paysages comme ceux de la Neretva sont devenus rares sur notre continent. « Je travaille dans l’écologie des eaux douces depuis vingt-cinq ans et je n’ai vu ça nulle part ailleurs, dit Gabriel Singer, professeur en écologie fluviale à l’université d’Innsbruck en Autriche. C’est un endroit unique, surtout quand je pense à l’étendue de la forêt ancienne qui borde la rivière… À cette altitude, ce type de rivière présente normalement un couloir fluvial très contraint. Ici, la rivière forme plusieurs chenaux et crée une multitude d’habitats. » Avec son système fluvial quasi intact, la haute vallée de la Neretva s’apparente à un laboratoire paradisiaque pour les spécialistes des cours d’eau.

© Gaëlle Sutton/Reporterre

L’originalité de cet écosystème interpelle la cinquantaine de scientifiques qui explorent la faune et la flore de cette région méditerranéenne. Venus de sept pays différents, des biologistes de toutes les spécialités ont répondu à l’appel des ONG Riverwatch et Euronatur pour participer à une « semaine scientifique » exceptionnelle. De jour comme de nuit, les insectes, les mammifères, ainsi que les plantes et les caractéristiques physiques de la vallée sont passés au peigne fin : la région est encore largement inexplorée.

Quarante-quatre projets de barrages menacent la haute vallée de la Neretva. © Louis Seiller / Reporterre

« Je suis à la recherche de macro-invertébrés qui vivent au fond de la rivière, et qui sont importants car ils nous donnent une idée de l’état écologique des rivières, explique, chapeau de cow-boy sur la tête, le Belgradois Stefan Andjus en passant son épuisette sur le lit de graviers de la Neretva. Un bon indicateur d’une rivière en bonne santé, c’est une forte biodiversité, et c’est ce qu’on peut déjà voir ici. » En témoigne, les quantités de papillons qui volettent sur les berges, ou encore les nombreuses écrevisses autochtones qui parsèment le lit de la rivière.

Si autant de chercheurs sont mobilisés, c’est qu’il y a urgence pour la Neretva. Pas moins de soixante-dix centrales hydroélectriques pourraient être bientôt construites sur le bassin versant de ce fleuve de 225 kilomètres de long, dont 44 sur sa partie montagneuse. Des barrages entraînant une transformation…

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Auteur: Louis Seiller Reporterre