« Bouddhisme, la loi du silence » : Lettre ouverte à leurs autrice et auteur — André LACROIX

Chère Madame Élodie Emery,
Cher Monsieur Wandrille Lanos,

J’ai regardé votre documentaire Bouddhisme, la loi du silence diffusé par Arte le 13 septembre (1). J’ai aussi lu votre livre éponyme édité par Jean-Claude Lattès (2).

Enfin !

Dans mon petit livre Dharamsalades. Les masques tombent (3), je terminais le chapitre consacré à l’omerta entourant les scandales sexuels commis dans des centres bouddhistes par ces mots :

« Quand – ça arrivera bien un jour – d’authentiques journalistes d’investigation se pencheront sur les abus sexuels commis par des lamas, ils devront bien constater que c’est le bouddhisme tibétain lui-même, fort imprégné de tantrisme, qui autorise certaines pratiques sexuelles aberrantes comme un chemin de prédilection vers l’Éveil’.
À quand une vaste enquête sur ce sujet tabou ? »

Eh bien, voilà : c’est arrivé. Les authentiques journalistes d’investigation que vous êtes ont réalisé la vaste enquête que j’appelais de mes vœux.

Vos investigations ont duré plus de dix ans. Vous avez recueilli de nombreux témoignages de victimes dont la vie a été salie par des abuseurs en robe safran ; certains de ces témoignages sont d’une crudité glaçante.

Et surtout vous avez trouvé des canaux susceptibles de toucher un vaste public. On a tout lieu d’espérer que, cette fois, l’omerta va sauter et que les librairies, dont les travées ployaient jusqu’ici sous des tonnes d’ouvrages à la gloire de l’ « Océan de sagesse » et de ses adeptes, mettront un point d’honneur à promouvoir votre livre.

Beaucoup de gens, de bonne foi, imaginent encore que le bouddhisme tibétain est intouchable. Votre travail devra leur ouvrir les yeux

Moi aussi, j’ai eu besoin qu’on m’ouvre les yeux

Ma première révélation des pratiques sexuelles aberrantes dans le bouddhisme tibétain ne remonte qu’à une douzaine d’années quand j’ai lu les mémoires d’un Tibétain nommé Tashi Tsering (4) ; il raconte comment, dans son adolescence alors qu’il servait dans le gadrugpa (troupe de danses sacrées du dalaï-lama), il avait été placé sous la protection d’un moine dont il était devenu « tout naturellement » le partenaire sexuel.

En ces années-là, 2009-2010, j’ai aussi été interpellé par le témoignage indirect rapporté dans le livre Tibet, au-delà de l’illusion (5), écrit par l’écrivaine Élisabeth Martens (en collaboration avec son mari aujourd’hui décédé). Elle raconte, p. 228, ce qui lui est arrivé lors d’une conférence qu’elle donnait à un…

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Auteur: André LACROIX Le grand soir