« Bouge 30 minutes chaque jour ! », tel est le slogan de la Grande cause nationale 2024, récemment dévoilée par la ministre des Sports, et massivement diffusé par les médias, avec des ambassadeurs sportifs de renom. L’argumentaire est clair : la sédentarité est le mal du siècle et augmente le risque de décès prématurés de 20 à 30 %. Pratiquer une activité physique régulière est essentiel pour prévenir les pathologies chroniques et les accidents cardiaques et cérébraux, mais aussi pour préserver la santé mentale. Des recherches biomédicales très développées en attestent, avec un niveau de preuve très élevé.
Pour autant, un regard sociologique sur ces orientations gouvernementales montre les paradoxes de ces campagnes de promotion de la santé par les activités physiques et sportives. Là aussi, la littérature scientifique est très avancée, mais malheureusement peu prise en compte.
Entrepreneur de sa santé
Les campagnes de communication privilégiées par l’État posent question. Leur vision de la prévention est à questionner. La démarche proposée est basée sur les théories du changement comportemental : la motivation individuelle est au cœur du processus. Il s’agit de convaincre et mobiliser le sujet afin de créer des routines personnelles pour changer de modes de vie. L’idée est d’amener la population à se prendre en charge, à être entrepreneuse de soi-même pour chaque jour intégrer l’activité physique et/ou le sport dans son emploi du temps. L’auto-responsabilisation est de mise, avec son corollaire, la culpabilisation.
Nos enquêtes dans plusieurs pays européens révèlent la diffusion de ce paradigme gestionnaire, très éloigné de la vie quotidienne des populations socialement défavorisées (celles qu’il faut convaincre en priorité), souvent débordées par l’urgence du quotidien.
Cette vision néo-libérale, qui irrigue les hautes sphères gouvernementales de la plupart des…
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Auteur: Gilles Vieille Marchiset, Professeur de sciences sociales, directeur de l’Unité de recherche Sport et Sciences sociales, Université de Strasbourg