BPI France : banque publique, intérêts privés – Le grand gâchis industriel (2)

Pour relire le premier épisode de notre enquête, cliquez ici : BPI France : banque publique, intérêts privés – Le cadeau de l’État à Amazon (1)

Châteaubernard, banlieue sud de Cognac. Dans les vieux locaux syndicaux de Verallia, une dizaine d’élus CGT tiennent leur réunion hebdomadaire. Au centre de la table trône un épais code du travail. Les voix s’échauffent, se superposent, les boutades fusent. “Ce moment, c’est notre exutoire, nous explique un salarié. Mais quand on sort de là, on parle tous la même langue.” Au-dessus du bâtiment s’élèvent les trois fours rouge et blanc de l’usine de production d’emballages de verre, érigée en 1963. Le plus à gauche, le four numéro un, est désormais fermé, conformément au choix de Verallia. Une décision annoncée l’été dernier, contre toute attente, alors que l’entreprise venait de se targuer d’excellents résultats financiers. 

Bpifrance, actionnaire minoritaire, a validé cette fermeture, tout comme le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui a déjà conduit à la suppression de 250 postes en France, d’après Dominique Spinali, délégué central CGT Verallia : “Sur les 130 emplois supprimés à Cognac, il y a eu beaucoup de départs volontaires, des gens qui ont pris leur préretraite, mais aussi 27 licenciements secs.” Le site, qui comptait 1 700 employés à sa création, en fait aujourd’hui travailler moins de 300.


Fours de l’usine Verallia, à Cognac, mai 2021. Crédits : Filippo Ortona – Le Média.

Sur son téléphone portable, l’élu, chemise blanche et pantalon en jean, fait défiler des photos prises lors de la grève qui vient d’être suspendue au terme de quatre mois de lutte. “Licenciements : Verallia tue nos familles”, indique une banderole blanche sur l’un des clichés. La grève, qui avait commencé fin novembre après la tentative de suicide d’un salarié menacé de perdre son emploi, a bénéficié d’un fort soutien de la population locale, regroupée au sein du Collectif de soutien aux Verallia-s de Cognac

J’ai vu une grande solidarité des citoyens, parce que dans le bassin d’emploi, c’est une boîte qui emploie du monde”, explique le député LFI Loïc Prud’homme, qui a rejoint le collectif de soutien et s’est rendu à l’automne sur le piquet de grève. Fin mars, le mouvement s’est brutalement arrêté. Pour reprendre le dialogue social avec la direction, mais surtout parce qu’un employé de Verallia, parti en cessation anticipée d’activité, s’est donné la mort.

Un…

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Auteur: Le Média