Brésil : Lula pourra-t-il « dé-bolsonariser » l’État ?

Après une campagne présidentielle au cours de laquelle Luiz Inácio Lula da Silva a puisé dans cinq décennies d’expérience politique pour mettre sur pied un front de défense de la démocratie brésilienne et vaincre le sortant Jair Bolsonaro par la plus étroite des marges le 30 octobre dernier, le fondateur du Parti des Travailleurs (PT) est revenu au pouvoir.

Son troisième mandat (après 2003-2007 et 2007-2011) ne sera pas le plus aisé, tant les défis auxquels il sera confronté sont vastes et variés.

Le pays que Lula gouverne depuis son investiture le 1er janvier dernier est bien différent de celui dont il avait pris les rênes pour la première fois en 2003. Certes, le Brésil était déjà confronté à une crise économique aiguë (une dette de 30 milliards de dollars envers le FMI et une situation budgétaire fragile) ; mais son prédécesseur de l’époque, le sociologue Fernando Henrique Cardoso, avait fait tout son possible pour soutenir Lula, parfois présenté comme un « dangereux gauchiste », vis-à-vis de la communauté internationale. Il avait également favorisé une transition harmonieuse en partageant un maximum d’informations sur l’état de la fonction publique avec les futurs ministres du premier gouvernement Lula. C’est un euphémisme de dire que, fin 2022, les choses se sont passées bien différemment…

Une transition chaotique avec l’administration Bolsonaro

Cette fois-ci, c’est la communauté internationale qui a soutenu la légitimité du résultat électoral que refusait de reconnaître Jair Bolsonaro.

Les dirigeants des grandes puissances, ainsi que la majorité des présidents latino-américains, ont salué la victoire du candidat du PT de manière coordonnée et rapide, afin d’empêcher toute contestation de la part de l’ancien capitaine de l’armée.

Malgré cette unité de la communauté internationale, Bolsonaro a cherché à entraver l’action du gouvernement de transition mis en place en novembre 2022, dirigé par Lula et son vice-président, l’ancien gouverneur de São Paulo Geraldo Alckmin. Cela s’est traduit, dans la plupart des ministères, par la disparition quasi totale des données gouvernementales. Et lorsqu’elles existaient, la réalité reflétée dans les chiffres était effrayante : pas d’argent pour payer les salaires des professeurs des universités, expiration délibérée des vaccins contre le Covid au sein du ministère de la Santé, achat…

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Auteur: Gaspard Estrada, Directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (OPALC), Sciences Po