Brésil : pourquoi la majorité de la gauche a-t-elle sous-estimé Bolsonaro ?

1.

Le point de départ d’une interprétation honnête de la situation brésilienne est que la plus grande partie de la gauche, y compris les forces politiques les plus influentes, a sous-estimé Bolsonaro – certaines plus que d’autres – au moins depuis 2017. L’explication de ce dédain est compliquée. La réponse simple mais insuffisante est que la gauche modérée a sous-estimé Bolsonaro car comprendre l’attrait du discours de l’extrême droite, après plus de treize ans au pouvoir, nécessiterait une profonde révision autocritique. Il y a là un élément de vérité. Après tout, quelque chose a dû très mal fonctionner pour qu’on en arrive là.

Mais il ne suffit pas de constater que Bolsonaro a entraîné la majorité de la classe moyenne pour diverses raisons ; le défi est de savoir pourquoi la majorité de la classe ouvrière organisée, c’est-à-dire l’ancrage social du PT depuis les années 1980, ne s’est pas mobilisée pour défendre le gouvernement de Dilma Rousseff [en 2016]. Cette absence de soutien est inquiétante. En conséquence, la gauche modérée a adopté la tactique quiétiste consistant à parier sur la défaite de Bolsonaro lors des élections de 2022, en prédisant une usure inévitable.

2.

La réponse simple de la gauche «super-révolutionnaire» est que Bolsonaro était essentiellement un accident électoral : les forces de la classe ouvrière seraient intactes, et le renversement de Bolsonaro reste à construire, car la disposition des directions les plus influentes fait défaut. Il y a là aussi un élément de vérité. Après tout, il est injustifiable que les gouverneurs des États collaborent institutionnellement avec le gouvernement d’extrême droite. En outre, cela diminue la signification réactionnaire…

Auteur : redaction
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