Brésil : quel tournant pour le bolsonarisme ?

Ce dimanche 30 octobre 2022, le second tour de l’élection présidentielle au Brésil a été émaillé de troubles, et des incidents violents pourraient bien survenir à l’issue des résultats.

Au-delà de cette journée tendue et des résultats définitifs du vote, la campagne très serrée entre le président sortant Jair Bolsonaro et l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva aura confirmé l’emprise durable du bolsonarisme sur la société brésilienne.

En effet, malgré la résurgence de l’insécurité alimentaire, les presque 700 000 décès provoqués par la pandémie de Covid-19 et la hausse de la déforestation, Jair Bolsonaro et son gouvernement conservent une forte popularité auprès d’une partie importante de la population. Le dernier sondage Datafolha indique que 38 % des Brésiliens considèrent le gouvernement comme bon ou très bon, tandis que 22 % le jugent moyen et 39 % comme mauvais ou très mauvais.

Si le débat reste ouvert, les recherches en cours montrent que l’adhésion aux idées bolsonaristes peut s’expliquer par plusieurs facteurs, le premier étant la stratégie de communication du président. Malgré les critiques récurrentes des médias traditionnels à l’égard de Bolsonaro et de son gouvernement, le bolsonarisme parvient à créer un circuit d’informations indépendant, étendu et perméable, notamment sur Internet.

Envers et contre tous

Le contenu reproduit par ces moyens de diffusion contribue lui aussi au maintien du bolsonarisme. Malgré ses divergences internes, le discours bolsonariste conçoit le leader et ses partisans comme des soldats dans la lutte contre « le système ». Ce « système » comprend, entre autres, les établissements d’enseignement supérieur, les institutions judiciaires, les ONG nationales et internationales, et même les Nations unies.

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De ce fait, toute critique émanant de ces institutions et de leurs membres voit sa légitimité remise en cause, ce qui contribue à justifier les difficultés que rencontre le gouvernement dans la mise en œuvre de ses politiques.

En outre, le discours bolsonariste insiste sur la nécessité de moraliser la société brésilienne. Cette moralisation ravive la mémoire des scandales de corruption qui ont éclaté durant les gouvernements du Parti des travailleurs et exalte les valeurs traditionnelles – comme en témoigne le slogan bolsonariste souvent répété, « Dieu, patrie et famille ». Dans ce contexte, l’utilisation de symboles nationaux et religieux renforce l’effet de moralisation, éveillant des sentiments tels que la peur et la haine.

De surcroît, il est important de souligner le soutien économique et moral qu’apportent à Bolsonaro certains secteurs, comme une partie des Églises évangéliques (en particulier…

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Auteur: Bruno Ronchi, Doctorant en science politique, Université de Rennes 1