Brève histoire du contrôle selon Google


Philippe Godard, essayiste et écrivain français, notamment auteur de documentaires jeunesse sur le thème de l’écologie, s’est intéressé à Google et sa stratégie politique. Après “De quoi le QR Code est-il le nom ?”, et toujours (très) loin de toute simplification, il élabore une critique poussée des inspirations et aspirations idéologiques du géant d’internet en faveur d’un contrôle étendu des individus, ou plutôt de leurs comportements, ainsi que d’une réduction du rôle étatique, via le concept d’Etat minimal. Résultat ? La reconstitution d’une histoire plus complexe et problématique qu’il n’y paraît. Une contribution exclusive pour Mr Mondialisation.

L’une des particularités de l’entreprise Google est de s’être dotée, très tôt, d’une stratégie politique, et pas seulement commerciale, économique et financière. Or, cette stratégie politique particulière, fondée sur l’absence de lois dans le monde virtuel et sur une phraséologie ambiguë, s’est trouvée particulièrement adaptée à l’évolution du monde des vingt premières années du XXIe siècle. Elle trouve ses deux sources d’inspiration les plus fondamentales dans un psychologue, Skinner, et un penseur de l’État, Nozick.

 

Behaviorisme, État minimal et Google

On ne trouvera ici aucune trace d’un complot de Google, de partisans du tout-numérique ou d’un think tank ayant pensé et propulsé – par quels moyens ? – Google au rang de « maître du monde », armé de sa propre stratégie de pouvoir. Certes, depuis la fin des années 1970, certains think tanks jouent un rôle politique fondamental aux États-Unis, telle la Heritage Fondation. Cette fondation très conservatrice publie, depuis la campagne pour la première élection de Ronald Reagan, une série d’ouvrages volumineux, intitulée « Mandate for Leadership » (« mandat pour le leadership »), qui tracent rien moins qu’un programme « prêt à l’emploi » pour une administration nouvellement élue. La Heritage Fondation a ainsi œuvré à l’élection de Ronald Reagan en 1980, et celui-ci une fois élu, a également participé à la mise en pratique de ses axes politiques fondamentaux, à tel point que, selon le Washington Post, cet ouvrage était devenu « une sorte de manuel pour la nouvelle administration  ».

Mais Google n’est pas lié à un parti ou à un groupe particulier : l’entreprise élabore ses propres axes politiques. Il s’agit ici de montrer le lien qu’une théorie psycho-politique, le behaviorisme, théorisée…

La suite est à lire sur: mrmondialisation.org
Auteur: Sharon Houri