Broyées par l'hôpital, les infirmières démissionnent en masse

« Elle a ouvert la fenêtre et elle a sauté. Comme ça, au milieu de la conversation. » Ce jour-là, le chef de service a compris ce qu’il allait se passer. Il l’a rattrapée. Mais Pauline Dubar n’a pas oublié : le ton est monté entre les médecins et les paramédicaux et, entre deux éclats de voix, sa collègue a craqué. Trop de pression…

Pauline a travaillé douze ans comme infirmière en service de réanimation. Aujourd’hui, elle accompagne les soignants qui en ont besoin au sein de Soins aux professionnels de la santé. Cette association propose d’abord une écoute. Des psychologues libéraux sont disponibles gratuitement 24h/24, 7j/7, à un numéro vert. Au bout du fil, ils écoutent la souffrance des soignants, les conseillent, les orientent vers les structures adéquates. « L’association n’hésite pas à passer le relais, si besoin », dit Pauline Dubar. Car depuis deux ans, le téléphone ne cesse de sonner : « De 5 appels par jour avant la crise, nous sommes passés à 150. La souffrance s’est révélée ». L’association a créé un réseau de psychologues sur le terrain, elle dispense aussi des ateliers pour aider les professionnels de santé à gérer leur stress, leur rappeler leurs droits, ou encore leur procurer des conseils sanitaires.

Des conditions « pas vivables »

Pourtant, le métier attire : la formation d’infirmière est la première demandée sur Parcoursup. Depuis 2020, près de 10 % des bacheliers choisissent cette filière. Une fois la porte de l’hôpital franchie, les étudiants déchantent. Au sortir d’une garde de nuit, Adèle, jeune diplômée, raconte qu’elle aime être présente auprès des patients et travailler en équipe. Mais elle ajoute qu’avec ses camarades de promo, elle parle déjà de l’après. « Je ne ferai pas ça toute ma vie, confie-t-elle à Reporterre. On en parle entre nous. Les infirmières qui font carrière n’existent plus ». Prune, en dernière année, reste convaincue de sa vocation : elle aime agir, se sentir utile et savoir que ce qu’elle fait a du sens. Mais elle reconnaît qu’avec ses amies d’école, elles s’inquiètent : « Certaines pensent que les conditions ne sont pas vivables. Pas assez de reconnaissance, trop de responsabilités. » 

La situation n’est pas nouvelle : quelques semaines avant le premier confinement, Thierry Amourroux, le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) avançait que près d’un tiers des nouveaux diplômés abandonnaient dans les cinq ans. De l’avis des…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre