Bruno Muel ou la noblesse du cinéma engagé

« Avec le sang des autres », de Bruno Muel et le groupe Medvedkine de Peugeot-Sochaux, 1975.

Avec la disparition ce 14 avril de Bruno Muel, c’est une des grandes figures du cinéma engagé — tous les réalisateurs sont engagés, qu’ils le veuillent ou non, mais lui l’était du côté des opprimés — qui tire sa révérence. En tant que réalisateur ou opérateur de prise de vues documentant les luttes de libération des années 1960 et 1970, Bruno Muel a travaillé avec de grands noms du documentaire donnant la parole aux révoltés : son « frère d’armes » Théo Robichet mais aussi — excusez du peu — Marceline Loridan, Chris Marker, Jean-Pierre Sergent, Jean-Pierre Thorn, Marcel Trillat, René Vautier, sans oublier la sociologue bourdieusienne Francine Muel-Dreyfus, avec qui il partagea sa vie. De l’Algérie post-indépendance à l’Angola pré-indépendance en passant par le maquis colombien, le Kurdistan, la Palestine, le Pays basque, le Sahara occidental ou le Chili sous la dictature du général Pinochet, Bruno Muel plaçait sa caméra du point de vue des résistants. Il définissait ainsi son travail : « Un métier que j’ai toujours rêvé de pratiquer comme une déclaration d’amour, pensant que le meilleur moyen de s’attaquer au camp adverse était de faire aimer ceux du camp que j’avais choisi, parce que c’est le camp des humiliés, mais surtout parce que c’est le camp des humiliés qui relèvent la tête et se battent » *.

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Bruno Muel en 2012

© Pierre Carles

Bruno Muel se moquait aussi parfois cruellement des puissants, comme dans cette séquence drôlatique de Longues marches (1983) où le richissime industriel colombien Carlos Ardila Lülle ne se rendit pas compte du piège diabolique tendu par le réalisateur français, l’invitant à se présenter devant la caméra et à faire longuement son autopromotion, tout infatué qu’il était. Se tenir aux…

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Auteur: Pierre Carles