« On vivait dans un cauchemar sans plus s’en rendre compte, et d’un seul coup on se réveille. » Pour cette femme mise en cause dans l’enquête visant dix personnes mobilisées contre le projet d’enfouissement des déchets radioactifs Cigéo à Bure (Meuse), le mardi 22 décembre 2020 est la date de son retour à la liberté. Son contrôle judiciaire vient d’être partiellement levé.
Plusieurs faits sont reprochés à elle et ses amis, réunis dans un même dossier : organisation d’une manifestation non déclarée, participation à une manifestation non déclarée, détention d’engins incendiaires… Ils étaient sous contrôle judiciaire, depuis juin 2018 pour la plupart.
« Techniquement, leur contrôle judiciaire est maintenu [les mis en cause doivent encore se présenter régulièrement au service pénitentiaire d’insertion et de probation], mais les obligations les plus contraignantes sont levées, notamment l’interdiction de se voir entre eux, et les restrictions territoriales », précise Me Muriel Ruef, une des avocates des mis en cause.
Interdiction pour ces amis de se voir, s’appeler et s’écrire
Depuis 2018, ces derniers ne pouvaient plus se voir, s’appeler, ni même s’écrire. « C’est compliqué à vivre de devoir éviter des gens, de s’assurer que des personnes qu’on connaît très bien ne seront pas présentes à un endroit où nous voulons aller, raconte une des personnes soupçonnées. Maintenant, je peux enfin appeler mes amis et leur demander comment ils vont. »
« Je ne réalise pas, exulte une autre mise en cause. Je me rends peu à peu compte de tout ce que je vais pouvoir refaire — ne serait-ce qu’aller à Bure, et revoir les gens du coin ! Le lien avec les gens me manquait. »
Cette levée partielle de leurs interdictions fait suite à la fin de l’information judiciaire, officiellement close le 2 décembre 2020. « On en est quand même à trois ans et demi d’instruction, il était…
Auteur: Justine Guitton-Boussion Reporterre
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