« Bushman », la violence de l’État



Bushman / David Schickele / 1 h 15.

Bushman, de David Schickele, s’ouvre par la marche d’un jeune homme dans une partie désolée de San Francisco. Il est pieds nus et a placé ses tennis sur sa tête. Il longe un terrain vague jusqu’à être récupéré par un homme à moto. Lorsque le motard lui propose de se loger dans sa remorque, une conversation s’impose. Le jeune homme révèle son identité nigériane et le chauffeur lui demande de parler « en africain » : « Un voyageur est comme un fantôme, lui répond-il. Il continue d’avancer pour arriver dans un pays où personne ne le connaît. »

Chemin faisant, les personnages s’approchent du centre-ville. Quant au contexte politique, il a été évoqué au générique : « 1968, Martin Luther King, Robert Kennedy, Bobby Hutton sont décédés récemment. Au Nigeria, la guerre civile entre dans sa deuxième année, sans espoir d’accord en vue. » Dès cette ouverture, les partis pris de Bushman, mais aussi son hypnotique beauté, se dévoilent. Il sera question de la solitude de son personnage principal, Gabriel, immédiatement décrit comme un voyageur qui porte sur sa société d’accueil un regard amer – « vous venez en Afrique pour nous apprendre la civilisation », explique-t-il – et dont les remarques vont décrire les particularités de la ville qu’on approche.

L’image, signée David Myers, magnifiquement restaurée dans cette nouvelle copie qui permet au film d’être vu après avoir disparu pendant plus de cinquante ans des réseaux de diffusion, et la bande-son, faite d’abord de cloches et de tambours nigérians, expriment parfaitement les troubles du personnage. Progressivement, les percussions sont dominées par quelques notes de piano assénées, créant une confusion de…

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Auteur: Pauline Guedj