« C ce soir » et « l'affaire » Thomas Portes : ambiance feutrée pour rappels à l'ordre


Karim Rissouli, le présentateur : « Thomas Portes, je vais commencer avec vous ce débat. C’est vrai que vous avez été un peu détrôné hier par votre collègue Aurélien Saintoul qui a qualifié Olivier Dussopt d’ »assassin », mais vous êtes de ceux qui incarnent, peut-être que vous l’assumez d’ailleurs, cette violence symbolique depuis quelques jours, avec cette photo que vous avez tweetée. On vous revoit, vous, avec votre écharpe tricolore et puis un pied sur un ballon, une balle, vous allez nous le dire, avec l’effigie d’Olivier Dussopt. »

Voilà une introduction qui donne le « la » : cadrant d’emblée la discussion en entérinant un point de vue (socialement) situé, elle prétend ouvrir un « débat », qui ne sera en réalité rien d’autre qu’un huis-clos à charge. Comme souvent, la partialité du dispositif est de deux ordres.

D’une part, on ne peut s’empêcher de relever l’incongruité (et le prisme de classe) consistant à présenter Thomas Portes comme l’« incarnation » de la « violence symbolique depuis quelques jours » : ces mêmes « quelques jours » au cours desquels gouvernement et éditorialistes ont prôné et vanté une réforme antisociale majeure, au prix de (non moins majeurs) bidonnages, ventilés dans la quasi-totalité des médias pendant un mois – par exemple, celui d’une « retraite minimum à 1 200 euros ». Mais on le comprendra, ceci ne relève pas d’une quelconque violence symbolique – ni, a fortiori, ne l’« incarne » d’aucune sorte.

D’autre part, on ne peut s’empêcher de souligner la bizarrerie (et le prisme de classe) consistant à présenter comme un « débat » une émission qui n’aurait pu isoler davantage son accusé : comme on le verra, parmi les huit journalistes/intervenants en plateau, Thomas Portes est le seul à remettre en cause le procès qui lui est fait. Face à lui, on découvre notamment Arthur Chevalier, présenté ainsi par Karim Rissouli : « historien, écrivain et éditeur, également chroniqueur pour Le Point. Vous parliez en préparant l’émission d’une normalisation de la violence et vous regrettez ce que vous voyez comme de la vulgarité, et vous disiez même un abaissement des rapports civilisés. » Ainsi, dans « C ce soir », on attend d’un contributeur du Point qu’il administre des leçons de tenue et disserte de « rapports civilisés ». Le Point, hebdomadaire faisant littéralement recette de sa haine de classe, régulièrement placardée en Une et déployée dans des éditos…

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Auteur: Pauline Perrenot Acrimed